«Le président "normal", le socialiste qui voulait rompre avec la Françafrique, a réussi l'exploit d'inscrire ses pas dans ceux du général de Gaulle!» Le commentaire de Bruno Dive, éditorialiste au journal Sud Ouest, donne le ton de la presse, lundi 4 février 2013, au lendemain de la visite de François Hollande au Mali, samedi 2 février, et de son discours à Bamako, marquant le succès de l'opération Serval qui a conduit, en trois semaines, les militaires français et maliens à reprendre le nord du pays tombé aux mains des groupes islamistes.
Une action qui a permis au président français de gagner «aux yeux du monde ses galons de chef de guerre» considère Dominique Garraud, dans LaCharente libre, tandis que Jean-Michel Helvig, de La République des Pyrénées, souligne qu'«en son temps, Nicolas Sarkozy avait déploré à Dakar que les Africains soient "sortis de l'Histoire" [quand] François Hollande les y a faits rentrer».
Même Yves Thréard, du Figaro, estime que le président de la République «a montré qu'il savait être au bon endroit dans les moments cruciaux» et que son «discours solennel aux accents gaulliens» répondait «à ceux qui moquent son manque d'étoffe». L' éditorialiste d'opposition souligne toutefois que si «Hollande a remporté une bataille, il n'a pas gagné la guerre». Une évidence sur le plan militaire, tant l'équation malienne compte plusieurs inconnues non levées.
Hausse de la popularité du président
Reste que sur le plan de son image, François Hollande remonte la pente. Selon le tableau de bord Ifop-Paris Match publié mardi 5 février, son action est approuvée par 43% des Français (+6 points par rapport à janvier), 67% considérant qu'il défend bien les intérêts de la France à l'étranger (+9 points en un mois, +16 points chez les sympathisants UMP).
Pas de doute, c'est bien «l'intervention au Mali et son retentissement médiatique qui expliquent le net rebond de la cote du président de la République, après six mois de chute et le niveau record de janvier (37% seulement d'approbation de son action)», commente Jean-Luc Parodi, directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques et consultant à l'Ifop sur Parismatch.com.
«Ce redressement est très sensible chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (+13 points) et de François Bayrou (+12 points), ajoute le politologue, mais nul chez ceux du premier tour de Nicolas Sarkozy et négatif chez ceux de Marine Le Pen», précise-t-il.
Ainsi, François Hollande profite, comme de coutume, de l'union sacrée qui se forme, derrière le président de la République, chef des armées, en cas de conflit. Mais sera-t-il l'homme providentiel que les Français semblent attendre?
Une récente enquête d'Ipsos, «France 2013: les nouvelles fractures», réalisée pour Le Monde, Cevipof et la fondation Jean Jaurès, révélait le 25 janvier que 87% des Français sont d'accord avec l'affirmation selon laquelle «on a besoin d'un vrai chef en France pour remettre de l'ordre». Un chiffre qui fait frémir autant que peut faire sourire la confidence de François Hollande à Bamako, «je viens sans doute de vivre la journée la plus importante de ma vie politique».