Au plus tard fin avril, les éditeurs de presse sauront à peu près à quelle sauce ils seront mangés. Le groupe de travail sur les aides à la presse installé par le ministère de la Culture et de la Communication rendra alors ses conclusions et proposera une réforme de leur répartition, sujet hautement controversé. La philosophie du gouvernement est connue. Le président de la République a cadré le débat le 16 janvier lors de ses vœux à la presse: «Nous aurons à revoir ces aides avec une volonté de mettre la presse d'information politique et générale au premier rang des titres qui doivent bénéficier de ces aides.»
L'enjeu peut être résumé par une formule en vogue ces derniers temps: des aides pour tous ou pour quelques-uns ? Plus classiquement, faut-il privilégier le saupoudrage ou le ciblage? Une question à laquelle le principe d'équité et le souci d'efficacité commandent, à première vue, de répondre par la deuxième option. Mais les choses sont peut-être plus compliquées. Comme le soulignait le 30 novembre dernier Denis Olivennes, PDG de Lagardère Active, dans un plaidoyer qui n'était pas que pro domo, «au nom de quel principe démocratique choisirait-on Le Nouvel Observateur plutôt qu'Elle?» Une importante partie de lobbying est engagée.
De l'aide, c'est aussi ce que réclame l'industrie du disque. Réunis au Midem le week-end dernier, les professionnels de la musique ont réclamé une «taxe Google» sur le modèle de celle dont devrait bénéficier la presse. Il s'agit dans les deux cas de conduire les acteurs du Net à compenser le transfert de valeur qui s'opère (lire page 8). Une revendication accueillie fraîchement par l'exécutif. Il est vrai que la presse est un lobby autrement puissant... Les aides, ce n'est pas «pour tous», décidément.