Êtes-vous Mac ou PC? Sûr que si l'on posait cette question rituelle aux éditeurs de presse, il s'en trouverait de nombreux à voter PC… par énervement à l'encontre d'Apple. Car, entre la presse française et la firme à la pomme, l'heure n'est pas exactement aux embrassades. Philippe Jannet, président du Groupement des éditeurs de services en ligne (Geste) et PDG du Monde interactif, parle de «bagarres terribles».
Que se passe-t-il? Alors que, dans l'ensemble, la presse française semble sur la voie de la reprise (lire notre dossier annuel «Bilan presse» en p. 33), les éditeurs sont vent debout contre les conditions édictées par Apple en ce qui concerne leur présence sur l'Ipad, ce nouveau totem de la mobilité. Pour résumer, Apple leur impose le prix de vente, le système de paiement, le partage des revenus et le contrôle des données. À prendre ou à laisser. Durs à avaler, ces pépins dans la pomme…
Or on voit mal les éditeurs choisir la deuxième option. D'une part, parce que les tablettes s'annoncent comme un canal prometteur de distribution et de consommation de la presse. D'autre part, parce qu'Apple est, aujourd'hui, en situation de quasi-monopole de fait. Les 435 000 tablettes vendues en France en 2010 (GFK anticipe un million cette année) sont quasiment exclusivement des Ipad.
Que faire? Du bruit. Du lobbying pour tenter de modifier le rapport de force. C'est ce que font, par exemple, le Geste et le Syndicat de la presse magazine, qui a récemment diffusé une lettre ouverte à Apple. Mais, sur la planète Apple, toutes les décisions sont prises au siège de la firme, en Californie. Là où la France compte si peu. C'est pourquoi, sur ce dossier comme sur bien d'autres, l'Europe est le bon échelon pour agir. Avant Apple, Microsoft a pu le vérifier.