Déontologie ou tiroir-caisse? À quel impératif la direction de TF1 a-t-elle obéi en arrêtant la diffusion de Carré Viiip deux semaines après sa mise à l'antenne? Aux deux, peut-être, réconciliant ainsi ces injonctions contradictoires? Mais la déontologie est-elle un concept pertinent s'agissant d'une chaîne de télévision commerciale dont l'objectif est, invariablement, de réaliser la meilleure des parts de marché possible sur une cible donnée? Depuis la «quête de sens» chère à Étienne Mougeotte, elle s'est pourtant invitée dans le débat.
Endemol, qui produit nombre d'émissions de télé-réalité dont Carré Viiip, a même créé un comité de déontologie. On l'avait oublié jusqu'à ce que l'un de ses membres, la journaliste Michèle Cotta, sorte du bois et s'émeuve de Carré Viiip. Cache-sexe? Utile étendard, à tout le moins, brandi en direction des annonceurs. Car les marques «achètent» aussi un contexte éditorial, pas seulement des GRP. Mais pas de tartufferie: si Carré Viiip est passé à la trappe, c'est d'abord parce que ce programme n'a pas rassemblé une audience suffisante.
La déontologie vient après. Si tant est qu'elle doive intervenir. On a pu le vérifier avec Secret Story. Ce programme a cartonné l'an dernier au-delà de toute prévision. Nul n'affirmera pourtant qu'il élève l'âme davantage que Carré Viiip. Telle est la realpolitik de la télé-réalité, dont les dix ans coïncident avec une actualité ambivalente pour TF1. Carré Viiip tourne à l'accident industriel certes, mais les 56 candidats de L'Île de la tentation ont été déboutés de leur demande, par la cour d'appel de Versailles, de se voir reconnu le statut d'artistes-interprètes. La déontologie n'en souffrira pas.