Dans les écoles de journalisme, on apprend à écrire pour ses lecteurs. Sauf que les lecteurs se sont progressivement détournés des journaux depuis les années 1960 et que ce mouvement s'est spectaculairement accéléré avec l'apparition des nouvelles technologies numériques et mobiles. Les lecteurs cèdent la place aux internautes et aux mobinautes. De nouvelles formes d'écriture sont à inventer et à enseigner.
Consécutivement, les ventes de la presse ne cessent de diminuer. Au dernier pointage, la diffusion payée de la presse grand public a reculé de 2,2% en France entre 2009 et 2010, selon le bilan annuel de l'OJD rendu public le 24 mars dernier. Le lendemain débarquait l'Ipad 2: certaines coïncidences de calendrier invitent à réfléchir…
Si les jeunes générations lisent moins les journaux imprimés, est-ce en raison du support papier et de son coût final? Du développement des mobiles et des tablettes? D'un désintérêt croissant pour l'information elle-même, selon la thèse développée par le journaliste Bernard Poulet dans son livre La Fin des journaux (Gallimard, février 2009)?
Dans les écoles de journalisme, faudra-t-il bientôt apprendre à démarcher ses lecteurs? C'est l'une des questions soulevées par la mise en ligne, lundi 28 mars, de Jaimelinfo.fr, une plate-forme de dons destinée à la presse en ligne permettant aux lecteurs de financer directement reportages, enquêtes et projets de développement, à l'instar de ce qui se pratique dans la musique et le cinéma.
Après le «user generated content», le «user funded content»? Les errements du premier invitent à la prudence. La marchandisation de l'information est-elle une solution durable? Le remède ne sera-t-il pas pire que le mal?