«Amis pédophiles, à demain!» La formule de Nicolas Sarkozy fera date. Voulant démontrer ce qu'il considère comme l'absurdité des accusations portées contre lui dans le dossier du «Karachigate», le président de la République, par une abusive analogie et au second degré, a cherché à mettre les journalistes devant leurs responsabilités.
Ses propos ont été tenus à Lisbonne, en marge d'un sommet de l'Otan et, surtout, «off the record». Dans la pratique journalistique, cela implique soit une retenue pendant un laps de temps, soit une retranscription desdits propos mais pas dans la bouche de leur auteur. Dans le cas d'espèce, ni l'une ni l'autre de ces acceptions du «off» n'a été respectée. Fureur de l'Élysée, a-t-on pu lire ou entendre. Il est permis d'en douter.
Jeu dangereux
Et si, en effet, anticipant une violation du «off» par des journalistes de plus en plus frappés du syndrome de la transparence immédiate et généralisée (cf. les notes diplomatiques américaines révélées par Wikileaks), Nicolas Sarkozy avait délibérément voulu piéger ses interlocuteurs dans le but de faire la démonstration, en place publique, de leur soi-disant irresponsabilité?
L'Élysée pense peut-être jouer sur du velours, la crédibilité de la presse étant globalement proche de zéro dans l'opinion publique. Jeu dangereux. Mais aussi piège infernal pour une profession dont les réactions – parfois corporatistes, souvent perçues comme telles – semblent la disqualifier un peu plus. La conversation de Lisbonne entre Nicolas Sarkozy et les journalistes s'achève ainsi, après la formule «Amis pédophiles, à demain!», par cette didascalie: rires collectifs…