Avec la Carte musique qu'il a lancée le 28 octobre afin de favoriser l'achat légal de musique en ligne chez les 12-25 ans (gros consommateurs de musique, rivés devant ordinateurs et smartphones, pirates sans complexes), le gouvernement entend faire œuvre de pédagogie, clin d'œil post-Hadopi un peu appuyé.

En finançant la moitié du prix de la carte, il compte aussi lever la barrière du prix, frein réel au développement du téléchargement légal. En outre, souligne à bon droit le ministère de la Culture et de la Communication, «un consensus existe parmi les professionnels de la musique sur la nécessité de mieux faire connaître l'usage des services en ligne».

Sentiment de déjà-vu

Tout cela est bienvenu. Mais la Carte musique peut-elle être autre chose qu'une sympathique mesurette? La vente légale de musique en ligne va sans aucun doute progresser, et les plates-formes musicales se lancer dans une surenchère promotionnelle à surveiller.

Reste que, par sa dimension limitée en volume (un million de cartes par an) et en valeur (50 euros maximum par carte), cette disposition ne semble pas de nature à accompagner vers un nouveau modèle économique une industrie musicale très fragilisée – «Le chiffre d'affaires de l'ensemble de l'industrie du disque en France est comparable à celui d'un hypermarché», glisse Pascal Nègre, PDG d'Universal Music France, dans son livre-mémoire Sans contrefaçon, qui vient de sortir chez Fayard.

On peut aussi regretter que, du point de vue marketing, la Carte musique n'ait rien d'innovant. Depuis des lustres, le cinéma et les transports publics disposent d'offres similaires. Même la presse quotidienne s'y est mise à l'automne 2009. C'est dire si la musique n'est pas en avance.

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