S'il y en a un qui ne doit pas trop se sentir concerné par le débat sur l'âge légal de départ à la retraite, c'est bien Maurice Lévy. À soixante-huit ans, le président du directoire de Publicis Groupe va en effet rempiler.
Le conseil de surveillance lui a demandé de rester à la barre au-delà du 31 décembre 2011, terme annoncé de son mandat, afin «d'accompagner le mouvement de transition le temps nécessaire». De quoi s'agit-il? Rien de moins que de la succession du patron: David Kenny, l'un des successeurs potentiels, a démissionné (lire en p. 28). Il avait pourtant tout pour plaire. N'a-t-il pas, en vendant son entreprise Digitas à Publicis en 2007, permis au «vieux lion» d'accélérer sa modernisation et d'entrer de plain-pied dans l'ère numérique?
Paris, centre du monde
Il y avait un «mais»… Dans la galaxie Publicis, New York ou Boston (siège de Digitas) sont une périphérie. Le centre, c'est Paris, et plus précisément le haut des Champs-Élysées. Dans l'esprit des propriétaires de ce groupe international, la famille Badinter, il ne saurait être question que le patron puisse être installé ailleurs.
Pour David Kenny, il s'agissait – potentiellement et à moyen terme – de devoir s'installer à Paris. Il y a renoncé par avance, pour des raisons familiales. Ce n'est certes pas la seule pour laquelle cet Américain peut-être un peu trop pressé a démissionné. D'aucuns suggèrent qu'il n'a peut-être pas voulu jouer jusqu'au bout une partie à l'issue incertaine.
La morale de l'histoire? Maurice Lévy a toujours dit que le «e» final de «Publicis Groupe» n'était pas une coquetterie. Ceux qui en doutaient encore savent désormais à quoi s'en tenir.