Revoilà le front du refus. Je veux parler de cette tribune de Guillaume Pannaud dans Le Monde du 11 février. Sous le titre « Publicité : le grand bond en arrière », le président de TBWA Paris s’insurge contre le projet de rachat de la régie de France Télévisions par le consortium Lov-Publicis, opération qui conduirait l’un des acteurs majeurs de la publicité, Publicis, à être à la fois « conseil en stratégie médias, acheteur d’espace et vendeur d’espace ». Une confusion des genres déjà dénoncée il y a plus de vingt ans par Jean-Marie Dru et ses associés de BDDP.
Création d’un observatoire
Évoquer un retour en arrière est exagéré. Car rien de nouveau sous le soleil. Publicis est déjà régisseur, avec Metrobus, des transports en commun. Le groupe détient aussi une participation minoritaire dans la régie du… Monde, le même qui publie la tribune de Guillaume Pannaud…
Havas possède un pôle de conseil médias et des supports comme Direct Matin ou Direct 8. Même intégration chez Lagardère Active, qui contrôle une agence Web, Next Idea. Y a-t-il risque de distorsion de concurrence ? Le nier serait faire preuve d’une grande naïveté. Il n’empêche : certains observateurs verront dans la tribune de Guillaume Pannaud une saillie opportuniste contre son ennemi des Champs-Élysées. Elle a d’ailleurs fait d’autant plus mouche qu’elle est sortie au milieu du silence assourdissant de l’Association des agences-conseils en communication (AACC), que préside Nicolas Bordas, président de… TBWA France. À tel point que l’AACC a fini par annoncer la création d’un Observatoire des nouvelles pratiques concurrentielles (sic). À la guerre, il n’est jamais bon de monter seul au front.