[Edito] Vice France, un média qui a fait rêver toute une génération de journalistes avec sa liberté de ton, son regard impertinent sur le monde et ses formats innovants, disparaît après 15 d’existence.
Un ovni disparaît. « Triste de l’écrire, mais c’est la fin de Vice France. Le bureau va fermer d’ici fin mars. Quinze ans d’existence d’un média fabuleux ». C’est son rédacteur en chef, Paul Douard, qui a annoncé sur Twitter l’arrêt prochain de Vice dans l’Hexagone, lundi 27 février. Et le licenciement de la trentaine de salariés français. La disparition du bureau français s’inscrit dans la déliquescence globale d’un géant mondial, un média qui a fait rêver toute une génération de journalistes avec sa liberté de ton, son regard impertinent sur le monde, ses formats innovants…
Il faut dire que Vice a eu une destinée hors norme. À l’origine, le magazine Voice of Montreal était un fanzine distribué par des jeunes drogués dans les rues de Montréal, dans le cadre d’un programme de réinsertion. Puis le média a été racheté au gouvernement canadien par Shane Smith, Suroosh Alvi et Galvin McInnes, a perdu son « o » au passage, puis fait ses valises pour New York. Vice est devenu un géant du numérique, valorisé jusqu’à 5,7 milliards de dollars. Depuis cinq ans, le média était en déclin.
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Cet échec est à rapprocher de la fermeture de Tracks : l’émission nocturne d’Arte qui défrichait la contre-culture depuis 25 ans et a baissé le rideau en décembre. Et aussi de l’arrêt de Néon le magazine, en novembre 2021. Un magazine aux partis pris audacieux en matière de reportages : « Nous avons cherché (et trouvé) le bar à cocaïne mythique de La Paz en Bolivie », « Voyages de rêves, j’ai passé mes vacances sur des ronds-points »…
Bien sûr la contre-culture n’est pas morte, mais trouve de nouveaux espaces d’expression, en particulier sur les réseaux sociaux, où l’on peut suivre directement ses nouveaux hérauts.
