[Edito] Certes, depuis trois ans le covid a fait entrer la maladie par la grande porte dans les open spaces et a sans doute libéré la parole autour de la machine à café. Pour autant, l’entreprise est-elle devenue une oasis pour les malades ?
Au pays des A-players, des managers survitaminés et des cadres qui surperforment, a-t-on le droit d’être malade ? Dans des entreprises qui cultivent le dépassement de soi, peut-on avouer une affection de longue durée qui va nécessiter des traitements lourds ? Certes depuis trois ans le covid a fait entrer la maladie par la grande porte dans les open spaces et a sans doute libéré la parole autour de la machine à café. Le manager version 2020-2023 semble plus attentionné et prend davantage en compte la santé de ses équipes. Pour autant, l’entreprise est-elle devenue une oasis pour les malades ? On en est loin. « Un salarié sur deux atteint d’un cancer a peur d’en parler à son employeur », rappelle Arthur Sadoun, le président du directoire de Publicis Groupe dans un grand entretien qu’il nous a accordé. Le dirigeant a dû se battre toute l’année dernière contre un cancer lié aux Papillomavirus humains (HPV) et lui a fait le choix de la transparence. Et surtout il a décidé de transformer cette épreuve en un combat collectif contre le tabou du cancer en entreprise… Dans la foulée de son annonce, le dirigeant a reçu de très nombreux témoignages qui allaient dans le même sens : « Beaucoup de salariés cachaient leur cancer au travail. Ils posaient des vacances pour se faire opérer. Ils réalisaient leur radiothérapie le matin avant d’aller au bureau en disant qu’ils étaient un peu patraques… » Arthur Sadoun a créé un mouvement baptisé Working with Cancer, rallié des centaines de groupes à cette cause et va déployer une grande campagne de communication. Il est temps de faire tomber ce tabou.
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