Toutes les auditions sur la concentration dans les médias réalisées devant la commission d’enquête du Sénat sont précédées d’un engagement à dire « toute la vérité, rien que la vérité ». Une fois qu’il a dit « je le jure », l’auditionné allait-il se révéler économe de ses mots ou d’une prudence excessive devant les sénateurs ? Au contraire, le format questions/réponses appelle à délier les langues. On a vu un Vincent Bolloré aussi à l’aise qu’à son habitude, poussant sa sérénade sur le « petit nain Vivendi » qui donne sa place à Zemmour comme le Petit Robert (Vivendi) fait de lui un « déconstructionniste » en intégrant le pronom « iel ». L’avenir dira si le patriarche n’est pas allé trop loin sur ce candidat qu’il voit déjà », par un étrange lapsus, « président de la République » et qui le déclare lui, sur LCI, « très conscient du danger de civilisation qui nous guette ». Et n’a-t-il bien déjeuné qu’une fois avec lui ? N’a-t-il, comme il le prétend, aucun pouvoir sur les nominations à CNews ou au JDD ? Il est permis d’en douter. Surtout quand on connaît les largesses de Bolloré avec la vérité. Bernard Arnault, en tout cas, a dû expédier sous pli express une lettre de rétractation de ses déclarations au Sénat affirmant qu’il n’avait jamais fait d’offre sur le JDD et Paris Match. C’était faux. Les auditions sous serment n’autorisent pas, comme dans les affaires, plusieurs vérités.