Le «prompt» a-t-il mauvaise presse ? Alors que certains utilisateurs l’assimilent à un moteur de recherche à la Google, les IA génératives poussent à la créativité, pour peu que l’on sache prompter.
En 2023, une étude McKinsey révélait que 55 % des entreprises – tous secteurs confondus – ont adopté l’IA générative, dans un climat d’enthousiasme, de scepticisme et de prudence. Cette dualité est toujours bien présente, avec pour garde-fou la contribution humaine, gage d’équilibre entre l’homme et la machine. Il y a encore peu, nous utilisions le substantif prompteur pour désigner l’appareil sur lequel défile le texte lu par un présentateur TV. Aujourd’hui, le verbe désigne la transmission des instructions en langage naturelle à une intelligence artificielle pour générer du texte, une image ou bien une vidéo. Une nouvelle définition pour une nouvelle ère ?
Savez-vous prompter couramment ?
Nous sommes souvent désarçonnés face à chat GPT, Perplexity, Claude ou Midjourney, attendant de ces plateformes qu’elles fonctionnent comme des moteurs de recherche améliorés. Or, ces IA sont conçues pour ouvrir un dialogue créatif, où chaque mot de la question façonne la réponse. Et c’est ici qu’intervient le prompt… terme qui désigne la requête adressée à une IA générative. De l’anglais « prompt » inciter, entraîner… le prompt est un début de texte, une question posée à la machine prenant en considération le contexte afin qu’elle génère une réponse. Un bon prompt permettrait de faire produire à la machine n’importe quel contenu textuel, pictural, audio… Demande simple ou discussion complexe, la réponse à un prompt est statistique : l’IA prédit ce que pourrait être la réponse la plus plausible au regard de son entraînement et la génère. Le prompt finalement ne challenge pas, il est simplement là pour plaire. N’ayant pas de conscience, de compréhension ni d’autres limites que celles fournies par les données, il produit tout, quitte à générer des fake news ou deepfakes…
Le prompt est devenu une compétence à part entière. On en vient alors à parler de « prompt engineering », ou de « prompt design » pour qualifier l’habileté à gérer notamment le ton, le style, les éléments de langage… La science du « prompt » vient ainsi en partie d’une illusion, celle de pouvoir correctement contrôler des milliers de paramètres, c’est-à-dire sans assurance aucune de la qualité de l’information qui nous sera communiquée : la machine ne peut en aucun cas être caution de l’information transmise.
Le prompt au service de la créativité
L’IA écoute, interprète et façonne ses réponses en fonction de nos choix de mots. Ce dialogue devient le moteur d’un processus créatif nouveau offrant des perspectives inattendues et un horizon que nous n’aurions peut-être pas exploré seuls. C’est une révolution pour le secteur de la communication où la créativité et la singularité sont tant recherchées.
Qu’il s’agisse de ChatGPT, qui fournit en quelques phrases un concept narratif précis ou de MidJourney, qui, avec quelques mots, génère une image fourmillant de détails réalistes, chaque mot, chaque idée a un potentiel infini. C’est là que la magie opère car l’IA nous libère des contraintes traditionnelles de temps et de moyen, mais également d’inventivité. Pourtant, seule elle n’est rien, au-delà de la prouesse technologique qu’elle représente. C’est là que la singularité entre en jeu.
Créativité, encore, car l’IA représente une nouvelle dynamique, remplaçant le tableau blanc, elle devient un véritable outil de brainstorming. Directeur artistique, consultant éditorial, responsable influence… chacun peut apporter sa vision, participer à l’élaboration d’un prompt et ainsi enrichir le résultat final. L’IA donne vie à des concepts auxquels personne n’aurait pensé seul, et qu’elle-même n’aurait pas imaginés. C’est un processus de création collective qui, paradoxalement, remet l’humain au centre.
Un prompt bien maîtrisé, ouvre de nouvelles voies dans le monde de la communication. Source de transformation, non seulement pour notre métier, mais aussi dans la manière dont nous créons ensemble, il impose cependant plusieurs exigences. La première est la clarté d’intention, l’idée de départ qui garantit un concept original, répondant à des attentes très précises. La deuxième est celle de l’éthique, notamment en s’imposant une discipline quant à la vérification des informations, et de la transparence, comme pour tous les outils que nous utilisons au quotidien, vis-à-vis de nos clients et face aux biais potentiels de l’IA. Notre responsabilité est grande face au défi de la désinformation, dans une société fracturée où règne l’opinion.