Après une entrée tonitruante dans nos feeds avec la campagne Jacquemus, les fakes out of home (FOOH) continuent leur folle épopée. Plus aucun annonceur ne peut passer à côté du concept publicitaire de l’année 2024, qui mêle réalité virtuelle et narration immersive.
Le FOOH a su s’imposer en 2024 grâce à une combinaison efficace d’authenticité, d’innovation technologique et d’impact visuel. Ce format se distingue par sa capacité à intégrer des scènes filmées à l’iPhone dans des environnements réels comme les rues de Paris ou de New York, créant ainsi une immersion directe dans le quotidien des utilisateurs. Cette approche renforce la proximité avec le public et s’aligne sur les codes des contenus organiques, tout en répondant à la tendance actuelle de fusionner contenu payant et organique, remettant la créativité au cœur de la stratégie publicitaire.
L’innovation technologique joue un rôle central dans le succès du FOOH. L’utilisation de la 3D permet de créer des objets spectaculaires, subtilement intégrés dans des scènes du quotidien, offrant une expérience immersive unique. Ce procédé permet aux marques de se positionner comme modernes et avant-gardistes, tout en captant l'attention sur des réseaux sociaux de plus en plus saturés.
Le FOOH se distingue également par son impact visuel, grâce à une dissonance cognitive qui introduit une illusion dans la réalité quotidienne. Cela crée un effet stop-scroller, répondant aux exigences des plateformes comme TikTok, qui privilégient les contenus accrocheurs. En plus de son efficacité visuelle, le FOOH se caractérise par une production agile et économique. Un simple iPhone et une équipe réduite suffisent à produire ces campagnes, ce qui permet aux marques d’obtenir un retour sur investissement optimal sans les lourdeurs habituelles des grandes productions.
Intégrer davantage de storytelling
Alors que tous les ingrédients semblent être réunis, que manque-t-il au FOOH pour passer le cap de 2025 et passer d’effet de mode à une tendance pérenne dans les stratégies de contenus des marques ? Tout d’abord, il est essentiel d’intégrer davantage de storytelling. Actuellement, les FOOH sont principalement centrés sur le produit et ses fonctionnalités, négligeant souvent les problématiques de marque. Dans de nombreux cas, l’accent est mis sur l’impact visuel et la mise en avant du produit, au détriment du récit de la marque. À long terme, cela risque de donner aux marques une image trop opportuniste et superficielle. Pour pallier cela, il est crucial d’ajouter des éléments narratifs, en intégrant des histoires, des personnages ou même des influenceurs, afin d’enrichir les effets visuels et de renforcer la cohérence du message de marque.
Par ailleurs, un cadre légal doit être défini. À ce jour, la réglementation entourant le FOOH est presque inexistante, permettant aux marques et à leurs agences de jouer librement avec les plus grands bâtiments dans les principales villes du monde. Cette liberté pose des questions sur la nécessité d'établir des règles claires pour encadrer ces pratiques et éviter des dérives potentielles.
Enfin, il est important d’impliquer davantage les communautés. Les plateformes sont largement influencées par leurs utilisateurs, qui dictent les tendances. Il est donc essentiel de trouver des moyens de permettre à ces communautés de s’approprier les campagnes FOOH et d’y ajouter une dimension interactive, créant ainsi un engagement plus profond et durable.
Une tendance d’avenir ?
Le FOOH repose sur la magie de l’illusion, et à mesure que les technologies progressent, ces illusions deviendront de plus en plus sophistiquées. Pourtant, comme toute tendance accessible, le risque d’une surexploitation par les marques est réel, menaçant de précipiter son déclin avant même qu’elle n’ait pleinement déployé son potentiel technique et créatif.
Le FOOH a explosé sur nos écrans, porté par des campagnes marquantes comme celle de Jacquemus. Mais pour durer, il devra se réinventer et prouver qu’il peut aller au-delà du simple effet de mode. L’avenir du FOOH dépendra de sa capacité à évoluer et à s’enrichir, tout en restant ancré dans une créativité authentique et réfléchie.