L'engouement suscité par les Jeux paralympiques ne doit pas rester une parenthèse dans l'inclusion des personnes en situation de handicap. Des efforts restent à faire.
Les organisateurs des Jeux paralympiques ont visé à faire de l'événement un véritable catalyseur pour l'inclusion des personnes en situation de handicap. Si l'événement se voulait une vitrine pour la représentation du handicap, il a également suscité des réflexions profondes sur sa place dans nos sociétés contemporaines.
Les Jeux paralympiques ont indéniablement offert une visibilité accrue au handisport et au handicap en général, mettant en lumière l'importance de la représentation. L'événement a su rassembler un public enthousiaste, avec une forte activité sur les plateformes sociales où les internautes ont massivement soutenu les Jeux, partageant en direct les épreuves et exprimant leur admiration pour les athlètes.
Les publications saluant les performances remarquables des para-athlètes ont proliféré, avec des mots-clés tels que #Force et #Courage témoignant de l'admiration du public. Mais, une analyse des conversations en ligne révèle des perceptions nuancées et des défis complexes à relever.
Des écarts significatifs dans l'engagement et la représentation
Malgré cet enthousiasme, l'engouement pour les Jeux paralympiques mérite d'être nuancé par rapport à celui des Jeux olympiques. Une analyse comparative des hashtags montre des écarts significatifs. Pendant les périodes des deux événements, le hashtag #Paris2024 a dominé avec 4,5 millions de mentions, suivi de #JO2024 avec 688 200 mentions. En revanche, #JOP2024, censé inclure les deux événements, n'a recueilli que 78 000 mentions, tandis que #JeuxOlympiques a eu 591 400 mentions contre seulement 84 300 pour #JeuxParalympiques.
Cette différence dans l'engagement en ligne met en lumière un décalage notable entre l'intérêt pour les Jeux olympiques et celui pour les Jeux paralympiques, suscitant des critiques concernant une couverture médiatique inégale et la séparation des deux cérémonies.
Au-delà de la visibilité, des voix critiques se sont élevées concernant la nature des discours entourant les athlètes paralympiques. Certains militent contre l'héroïsation excessive et les narratifs centrés sur le dépassement de soi, le courage et les luttes personnelles, arguant que cela réduit les athlètes à leur handicap plutôt qu'à leurs performances sportives. Ce phénomène, souvent qualifié d'«inspiration porn», objectifie les personnes handicapées en les présentant uniquement comme des sources d'inspiration.
Stimuler les discussions sur ce sujet
En parallèle, une inégalité de traitement entre les types de handicap a été pointée, avec une prépondérance des handicaps moteurs «visibles» par rapport aux handicaps «non visibles» (auditifs, psychiques, cognitifs). Cette situation perpétue une invisibilisation de certaines conditions.
Des efforts ont été réalisés pour améliorer l'inclusion des personnes en situation de handicap, tant dans l'organisation des Jeux que dans l'accueil du public. Cependant, des retards persistent, notamment en ce qui concerne les infrastructures urbaines comme les transports en commun parisiens, où seule la ligne 14 du métro est entièrement accessible aux personnes à mobilité réduite. L'événement a relancé le débat sur l'accessibilité universelle et l'inclusion, avec des internautes rappelant les nombreux retards en matière d'accessibilité, de logements adaptés, d'emploi...
Ainsi, les Jeux paralympiques ont effectivement rendu le handicap et les personnes handicapées plus visibles et ont suscité des débats importants, mettant en lumière à la fois les progrès réalisés et les défis restants pour une véritable inclusion. L'événement a servi de plateforme pour stimuler les discussions sur ce sujet. Reste à voir si ces discussions se traduiront par des actions significatives ou si elles ne constitueront qu'une parenthèse.