Bien que lente, l'évolution de la représentation du handicap dans les médias est un enjeu crucial. Il en va de leur capacité à refléter la réalité.
La représentation du handicap dans les médias est un enjeu crucial. Cette question englobe le recrutement, les thèmes abordés et la visibilité accordée aux personnes handicapées. Malgré des avancées et des raisons d'espérer, plusieurs défis subsistent. Actuellement, le handicap touche environ 12 millions de personnes en France (soit 20% de la population), dont 80% de handicaps invisibles. Le taux de chômage des personnes en situation de handicap atteint 14%, contre 8% pour la population générale.
Les médias ont une responsabilité considérable à cet égard. Comme vecteurs d'informations et d'influence, ils ont le pouvoir de redéfinir les normes, de briser les barrières et de faire tomber les préjugés. En engageant des conversations plus franches et en présentant des histoires diverses, ils peuvent contribuer à éduquer et éclairer le public pour une représentation plus juste de la société.
Le dernier rapport de l’Arcom dresse un constat sans appel : la représentation du handicap à l'écran reste marginale, avec un taux stagnant à 0,8%. Dans le domaine de la communication et de l'information, le taux d'emploi des personnes en situation de handicap est à 2,2%, bien en-dessous de l'objectif légal de 6% et en-deçà de la moyenne qui s’établit à 3,9% tout secteur confondu. De plus, la représentation est souvent biaisée, mettant en avant les handicaps moteurs, qui sont sur-représentés à hauteur de 26%, plutôt que les déficiences visuelles, auditives ou psychiques.
Du côté de la représentation publicitaire dans les médias, même constat : le handicap est présent dans moins de 1% des créations publicitaires, selon le baromètre Kantar de 2021.
Plus largement au niveau du traitement de l’information, comment naviguer entre héroïsation et misérabilisme pour de justes représentations du handicap ? La diffusion des Jeux paralympiques met en scène des athlètes en situation de handicap qui doivent dépasser leurs limites, véhiculant l’image de «supers héros», loin de la réalité qui concerne des millions de personnes aux situations bien différentes.
Une prise de conscience et des raisons d’espérer
Malgré des défis persistants, des progrès sont en cours. De grandes entreprises de médias, telles que France Télévisions, TF1 ou Radio France, ont mis en place des programmes pour l'emploi des personnes handicapées, montrant qu’inclusion et excellence peuvent coexister.
En parallèle, des initiatives audacieuses de sensibilisation à l’handisport - comme la diffusion des JO dont le volume horaire a été multiplié par quatre en moins de dix ans ou la série Vestiaires, diffusée sur France 2 - et aux maladies mentales ont été lancées par les médias, participant à la démocratisation du sujet. Parmi les toutes dernières initiatives remarquées, Les rencontres du Papotin sur France 2 et la série Lycée Toulouse-Lautrec sur TF1 mettent en scène des porteurs de handicaps physique ou mental qui font exploser les audiences.
La publicité, dont le secteur de la mode, s'oriente également vers une inclusion accrue, avec des égéries aux parcours atypiques, à l’instar d’Ellie Goldstein, jeune femme trisomique devenue mannequin de Gucci en 2019.
De nouveaux relais sur les réseaux sociaux
Enfin, de nouveaux relais ont émergé sur les réseaux sociaux. Les influenceurs se font le porte-voix de consommateurs handicapés connectés et contribuent à normaliser l'image du handicap. Sur Instagram, certaines jeunes femmes s'affichent avec leur fauteuil roulant ou leur prothèse. YouTube voit désormais fleurir de nouveaux tutos beauté délivrés par des influenceuses comme Kaitlyn Dubrow, amputée des quatre membres. En France, le nageur quadri-amputée Théo Curin prouve que tout est possible grâce à ses interventions très médiatisées, comme acteur, conférencier et top model.
Gageons que ces évolutions, bien que lentes, contribuent à mettre un terme à la marginalisation et aux idées reçues. En rendant visibles les personnes en situation de handicap selon une représentation variée et authentique, en valorisant leurs compétences et en améliorant le degré de connaissance générale du grand public sur le sujet du handicap, les médias doivent permettre la construction d’une société plus inclusive, plus juste et plus équitable. Il ne s'agit pas simplement d'une question de responsabilité morale, mais d'un besoin criant de refléter la réalité.