Bernard Mourad, banquier, patron de médias, écrivain, conseiller d’Emmanuel Macron, est décédé le 9 janvier 2025 d’un cancer.

« Il s’appelait Bernard, il avait eu plein de vies. Plein d’amis. C’était aussi une sacrée tête de mule. Dure comme un bulldozer. Il aimait avoir raison. Il aimait ne pas être d’accord, il aimait être là où on ne l’attendait pas. Il aimait les journalistes, les écrivains, les livres, monter des « deals ». Il avait même écrit des romans. Il était de gauche, vraiment de gauche. Et en même temps… » C’est par ces mots que Johan Hufnagel, ancien directeur des rédactions de Libération, et cofondateur de Loopsider, a annoncé le 9 janvier, sur son compte LinkedIn, le décès, des suites d’un cancer, de Bernard… Bernard Mourad, suractif, à la fois banquier d’affaires, dirigeant d’entreprises, investisseur et entrepreneur, écrivain, producteur et conseiller d’Emmanuel Macron pendant sa campagne présidentielle en 2016.

Né au Liban le 2 octobre 1975, ce diplômé de Sciences Po Paris démarre dans les années 2000 une carrière dans la finance en tant que banquier d’affaires au sein de Morgan Stanley. Qualifié d'« atypique » et homme de l’ombre de Patrick Drahi, Bernard Mourad, alors « managing director » en charge du secteur médias & telecom, a notamment conseillé le milliardaire sur de nombreux « deals » : fusion de Numericable-Noos, introduction en Bourse d’Altice, fusion de Numericable-SFR, acquisition de Portugal Telecom, « sauvetage » de Libération ou, encore, rachat de L’Express. En janvier 2015, il quitte la banque - contre laquelle un pourvoi en cassation est en cours pour obliger Morgan Stanley à lui verser 1,4 million d’euros de bonus différé - et prend la présidence du groupe de médias de Patrick Drahi, Altice Media Group (L’Express, BFM, RMC…).

Sa relation avec Emmanuel Macron

D’octobre 2016 à mai 2017, il devient conseiller spécial auprès du candidat à la présidence Emmanuel Macron. « Voilà le seul mec qui m’insulte encore », lâchait Emmanuel Macron, en 2018. Une confidence glissée par le président à Vanity Fair à l’origine d’un portrait du conseiller de Macron. Un an après la fin de leur collaboration, s’il appelait encore le président « mon lapin » et le bombardait de SMS avec des smileys, Bernard Mourad, alors patron de Bank of America en France, n’épargnait pas celui qu’il avait rencontré lors d’un entretien d’embauche en 2008 chez Morgan Stanley. Par exemple, lors de l’affaire Benalla ou quant à la politique fiscale du président.

« On ne se résume pas à un seul job, on ne se résume pas à une seule passion et j’ai essayé d’épanouir mes diverses passions au cours de ces dernières années », expliquait-il au micro d’Ali Badou, sur France Inter, en 2018.

​​​​​La création de Loopsider

En octobre 2017, il co-créé avec Johan Hufnagel, Arnaud Maillard, Giussepe de Martino et Franck Papazian (Stratégies, CB News, Journal du luxe, Who’s Who) le média vidéo d’actualités dédié aux réseaux sociaux Loopsider, dont il a été, jusqu’à son décès, président. En 2023, le groupe CMI France, éditeur de Elle, Télé 7 jours ou Marianne, annonce le rachat de 45 % de Loopsider

Écrivain du capitalisme

Bernard Mourad a également publié des romans. Son premier ouvrage, Les Actifs corporels (JC Lattès, 2006), fait le récit d’un homme décidant de coter son corps en Bourse. Il a notamment été traduit en allemand par la maison d’édition Ullstein, sous le titre Kauf Mich ! (Achète-moi !). En 2008, il publie le roman dystopique Libre échange (JC Lattès).

Humaniste

Le banquier, slash créateur de média, slash romancier, a investi ses bonus pour créer l’application mySOS. Cette start-up permet de mettre en lien une personne victime d’une crise cardiaque ou d’une agression à un réseau de volontaires de proximité prêt à intervenir, en moins de cinq secondes. Une innovation qui n’est pas sans rappeler le service d’urgence lancée par Bernard Tapie en 1975, Coeur Assistance, les polémiques en moins.

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