La série sud-coréenne de Netflix crée la surprise en rafflant plusieurs statuettes, tandis que les séries Euphoria, Succession et The White Lotus remettent la chaîne HBO sur le devant de la scène. Retour sur la cérémonie de lundi soir.
Deux poids lourds se sont partagés les honneurs aux Emmy Awards : le mastodonte de HBO Succession a été élu meilleure série dramatique, tandis que la série sud-coréenne Squid Game est entrée dans l'histoire de la compétition avec notamment un prix de meilleur acteur pour son interprète principal, Lee Jung-jae. Jouant sur le titre de son programme, le créateur de Succession Jesse Armstrong a remarqué que c'était une « sacrée semaine » pour les dynasties, en faisant allusion à la mort de la reine d'Angleterre Elizabeth II et à l'arrivée sur le trône de son fils. « Évidemment, il y a eu un peu plus de votes pour notre accession (au trône) que pour celle du Prince Charles », a-t-il plaisanté.
Déjà récompensée par le trophée majeur en 2020, cette chronique noire et grinçante d'une puissante famille qui se déchire pour prendre le contrôle d'un empire médiatique (étrangement ressemblant à celui du milliardaire Rupert Murdoch), a également remporté trois autres prix cette année, notamment pour son scénario et celui du meilleur second rôle, attribué à Matthew Macfadyen.
« Squid Game » entre dans l'histoire
Malgré ses 25 nominations, le programme américain a dû partager la vedette avec le phénomène sud-coréen Squid Game, sombre et violente dénonciation des dérives du capitalisme, dans laquelle des miséreux s'entretuent lors de jeux d'enfants cruels avec l'espoir de remporter des millions. Produit par Netflix, ce succès planétaire a raflé six prix, et a notamment écrit une nouvelle page de l'histoire des Emmy Awards, équivalent des Oscars de la télévision américaine, grâce à la récompense de meilleur acteur dans une série dramatique attribuée à sa star principale, Lee Jung-jae. Une première pour un interprète jouant dans une autre langue que l'anglais.
La série consacre ainsi le succès croissant du cinéma sud-coréen à Hollywood : en 2020, Parasite du réalisateur Bong Joon-ho avait remporté l'Oscar du meilleur film. Récompensé pour sa réalisation, le cerveau derrière Squid Game, Hwang Dong-hyuk s'est montré très honoré. « Je ne pense pas avoir écrit une page d'histoire moi-même, parce que c'est vous qui avez ouvert les portes à Squid Game », a lancé le réalisateur. « Nous sommes entrés dans l'histoire ensemble et j'espère vraiment que Squid Game ne sera pas la dernière série coréenne aux Emmys ».
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Dans le genre dramatique, l'actrice Zendaya a confirmé son statut de nouvelle coqueluche d'Hollyword, en remportant le prix de meilleure actrice pour son rôle d'adolescente toxicomane dans Euphoria (HBO), comme en 2020. La désopilante série Ted Lasso (Apple TV+) a elle aussi rempilé en tant que meilleure comédie de l'année, après sa victoire en 2021. Jason Sudeikis, qui y incarne un entraîneur de football américain parachuté dans une équipe de foot anglaise, a également remporté l'Emmy du meilleur acteur dans une comédie.
Chez les mini-séries, The White Lotus, qui tacle l'hypocrisie ambiante d'un hôtel de luxe hawaïen, a dominé la soirée avec 10 récompenses, dont celle de la meilleure production du genre - qui rassemble les séries d'une seule saison. Michael Keaton a de son côté reçu l'Emmy du meilleur acteur dans cette catégorie, pour son rôle dans Dopesick, mini-série qui examine la dépendance meurtrière des Etats-Unis aux opioïdes. Loin de la soudaine gifle donnée par Will Smith au présentateur Chris Rock lors des derniers Oscars, le retour des Emmys dans un théâtre (une première depuis la pandémie), animé par le comédien Kenan Thompson, s'est déroulée sans grande surprise.
Diversité à l'honneur
Les moments les plus marquants de la cérémonie ont été ceux permettant de célébrer la diversité à l'écran, un thème central où Hollywood tente de s'améliorer depuis plusieurs années. L'actrice Sheryl Lee Ralph (Abbott Elementary) a provoqué des frissons dans l'assistance, en chantant le titre Endangered Species de la jazzwoman afro-américaine Dianne Reeves, pour accepter son prix du meilleur second rôle dans une comédie.
« Quand j'étais une petite fille, tout ce que je voulais, c'était me voir moi dans les médias. Une personne grosse comme moi, noire comme moi, belle comme moi », a déclaré sous les applaudissements la chanteuse Lizzo, vêtue d'une majestueuse robe rouge en tulle, récompensée pour son émission de télé-réalité où elle recrute des danseuses grandes tailles pour l'accompagner sur scène. « Nous avons fait beaucoup de progrès, mais il y a encore beaucoup de travail à accomplir », lui a répondu l'actrice Geena Davis, primée pour le travail de son institut en faveur d'une meilleure représentation. « La télévision peut souvent influencer directement la manière dont les gens se voient et dont ils estiment leur valeur », a-t-elle insisté.