Éclipsée par le covid puis la guerre en Ukraine, la campagne présidentielle devrait retrouver des niveaux de médiatisation comparables à ceux de 2017 avant le second tour. Explications avec Sonia Metche, directrice des études d’Onclusive France.
Quelle a été la spécificité de cette campagne électorale en termes de médiatisation ?
L’agenda de la campagne a coexisté avec plusieurs crises, ce qui a généré un déficit de bruit médiatique. Avant le premier tour, la médiatisation de la campagne présidentielle a été 11,5 % inférieure à celle de 2017. Ce déficit se concentre très nettement dans la période qui va de l’invasion de l’Ukraine le 24 février à la mi-mars. Durant cette période, la guerre en Ukraine a fait trois fois plus de bruit médiatique que la campagne présidentielle.
Certains candidats ont-ils eu plus d’écho médiatique que d’autres ? On pense par exemple à Eric Zemmour.
Emmanuel Macron est celui qui a le plus profité de cette période en termes de bruit médiatique, bénéficiant de son statut présidentiel sur la guerre en Ukraine notamment. Derrière lui, c’est Eric Zemmour en effet qui a été le plus médiatisé. Il est arrivé très tôt dans la campagne, il a bénéficié d’un matraquage médiatique indéniable, même si l’on voit au final qu’il y a eu un décalage entre l’engouement médiatique et son résultat au premier tour de la présidentielle. Valérie Pécresse, qui se classait troisième en termes de bruit médiatique, a aussi connu un gros décalage par rapport à son résultat, tout comme Anne Hidalgo. C’est plus équilibré pour Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, qui étaient respectivement quatrième et cinquième en termes de médiatisation.
Faut-il s’attendre à une plus grande médiatisation de la campagne d’entre-deux-tours ?
On a déjà assisté à un rattrapage en termes de bruit médiatique durant la deuxième moitié de mars, avec un niveau de visibilité équivalent à celui de 2017. Pour l’entre-deux-tours, un réalignement est attendu, avec le même niveau de médiatisation qu’il y a cinq ans. On s’attend aussi à des thèmes de campagne plus variés. Alors qu’en mars/avril, les enjeux se concentraient sur le pouvoir d’achat, les prix du carburant et la Corse, des sujets plus diversifiés pourraient bien revenir dans la campagne avant le deuxième tour, comme l’éducation et l’environnement.