Stratégies publie ce jeudi un nouveau numéro « spécial Présidentielle » avec les contributions de quinze « spin doctors » ou experts en communication politique. Sa publication a été précédée mercredi par une matinée d’interventions introduite par Frédéric Dabi (Ifop), qui constate que « l’école et l’éducation concentrent l’inquiétude des Français » et qu’il n’y a pas de « tout sauf Macron » dans cette campagne alors que « jamais le pouvoir d’achat n’a été aussi haut et jamais le chômage n’a été aussi bas » en termes de préoccupations. Mayada Boulos (Matignon) a raconté les points de convergence entre réalité et fiction avec Eric Benzekri, le scénariste de Baron Noir (Canal+) qui confie qu’il va créer une série consacrée aux spin doctors.
Philippe Moreau-Chevrolet (MCBG) estime que Magali Berda, manageuse d’influenceurs qui a son émission « 24h avec » sur YouTube, comme Cyril Hanouna, « font du bien à la politique car ils renouvellent le genre et ne respectent rien ». Il estime aussi qu’il « n’y a pas de campagne et pas d’enjeu à part le grand remplacement ». Gaspard Guermonprez, journaliste et Youtubeur, a insisté sur « l’influenceurisation des candidats » via TikTok et Twitch en constatant l’expertise du YouTubeur Jean-Luc Mélenchon quand il interagit par chat alors que Yannick Jadot se sert de Twitch « chaîne hype » comme d’une web TV.
Franck Louvrier, senior advisor chez Teneo, maire de La Baule, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy et actuel conseiller de Valérie Pécresse, a insisté sur la peopolisation «qui deshabille les politiques ». Il voit dans la photo victorieuse de Michèle Marchand, patronne de l'agence Best Image, à l'Elysée, une affirmation nouvelle du rôle des spin doctors : « Je vous manipule et je suis très fière de vous le dire. »
« Campagne de morts vivants »
Invité surprise de cette session, Jacques Séguéla, cofondateur d'Euro RSCG et spin doctor de François Mitterrand, a évoqué une « campagne ratée de morts vivants » en 2022. Il a fustigé « le tapis rouge hallucinant fait par les médias à Zemmour » et rappelé que « la démocratie, c'est non violent, c'est pas de la haine mais de l'amour. ». Parmi les conseils du « papy » de la communication politique, l'idée qu'on « vote pour un avenir et pas pour un passé » et « pour une idée et non pas pour une idéologie. »
Julien Vaulpré, associé fondateur de Taddeo et ancien conseiller opinion de Nicolas Sarkozy, a relaté le regard de Victor Mallet, chef du bureau de Paris du Financial Times selon lequel « la gauche conserve une influence politique considérable en France. » Il aussi mis en garde contre toute excès de confiance de la part d'Emmanuel Macron, qui reste très dépendant d'une mobilisation de son camp.
Engagement citoyen
Franck Tapiro, cofondateur de Datakalab et actuel président de Houtspa, a insité sur « l'engagement citoyen » et la part émotionnelle de toute campagne. Quant à Gaspard Gantzer, ancien conseiller de François Hollande et fondateur de Gantzer Agency, il a mis l'accent sur la « fatique » de tout candidat-président et sur la nécessité de débattre pour apporter des « éclaircissements ». Il a notamment appelé Emmanuel Macron à débattre - «pourquoi pas deux ou trois débats entre les deux tours » - et à ne pas choisir les journalistes qui l'interviewent : « J'espère qu'Anne-Sophie Lapix et Gilles Bouleau pourront animer ces débats. »
Retrouvez dans Stratégies les contributions de ces spin doctors ainsi que les articles de Alexandra Laferrière (Publicis Consultants), Robert Zarader (Bona Fidé), Olivier Labesse (Primatice), Stéphane Fouks (Havas), Valérie Lecasble (Hill + Knowlton), Denis Pingaud (Balises) Éric Giuily (CLAI) ou Raphaël Llorca (fondation Jean Jaurès).