De l'Afghanistan à la Guinée, les journalistes vitaux pour la diffusion d'informations fiables sont de plus en plus nombreux à devoir fuir leur pays. Le projet « Voix en exil », lancé le 20 septembre à Paris, propose de les aider à poursuivre leur métier.
Lancé à la Gaité lyrique, qui dispose d'un studio TV/vidéo, le programme « Voix en exil » vise à faire de la France une des principales terre d'accueil des journalistes contraints de fuir leur pays. Ce projet, qui réunit au sein d'un consortium Canal France International (CFI), filiale de France Médias Monde, l'organisation d'inclusion des personnes migrantes sur le marché du travail Singa, la Maison des journalistes (MDJ) et Reporters sans frontières (RSF), entend soutenir ces journalistes déracinés à leur arrivée en France dans leur nouvelle vie professionnelle.
Pendant trois ans, le projet, entièrement financé par le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, avec un budget de 2,8 millions d'euros sur trois ans, accompagnera quatre promotions de 18 journalistes de leur logement au soutien administratif, en passant par la sécurité, le suivi de formations et l'aide au développement de leur projet professionnel. Au sein d'un incubateur intégrant un écosystème dédié aux industries créatives et aux médias émergents, à la Gaïté lyrique, les journalistes en exil se verront proposer un accompagnement en fonction de leurs besoins. Objectif : permettre aux bénéficiaires de produire une information indépendante et fiable en direction de leurs publics.
« Les journalistes sont les antidotes à la malveillance, à l'ingérence étrangère et à la désinformation », a rappelé vendredi Antoine Bernard, directeur du plaidoyer et de l'assistance de Reporters sans frontières (RSF). Mais depuis ces dernières années, « leur exil s'est accéléré et imposait d'y répondre », a poursuivi le représentant de l'ONG qui a accompagné 250 journalistes réfugiés en France ces trois dernières années.
Faire du journalisme « pour ne pas mourir »
Journaliste politique en Afghanistan, Ahmed Bizhan Aryan « doit repartir à zéro » après avoir « tout perdu » et vu ses collègues tués dans des attentats pendant la guerre ou torturés à l'arrivée au pouvoir des talibans.
Le présentateur TV qui se cachait de maison en maison et se déplaçait en voiture blindée s'est réfugié en France en juillet 2023. Sélectionné pour participer au programme, Ahmed Bizhan qui dit « n'être plus rien », espère « se reconstruire », continuer son travail de journaliste « pour ne pas mourir » et retrouver la fierté qui était la sienne d'exercer ce métier.
Asal Abasian, journaliste iranienne, espère pour sa part pouvoir continuer à défendre l'égalité des genres et les droits LGBTQIA+ depuis la France où elle vit depuis 2023. « Notre pays n'est pas celui où l'on est né mais celui où l'on est libre et respecté », plaide la journaliste freelance suivie par 32.000 abonnés sur le réseau social X.