L’humoriste Guillaume Meurice, licencié par France Inter, rebondit avec ses compères Juliette Arnaud, Aymeric Lompret et Pierre-Emmanuel Barré sur Radio Nova. Reportage dans les coulisses de la première… de «La Dernière».
Ils sont plus de 350, majoritairement trentenaires, à se presser à 17 heures 45 en ce pluvieux dimanche 8 septembre au théâtre de l’Européen, place de Clichy, à Paris, pour assister à la première, en direct, de La Dernière. Bravache, Guillaume Meurice a choisi ce titre, histoire d’être dans le vrai s’il se fait à nouveau remercier. Avoir traité Benyamin Netanyahou de « nazi sans prépuce » et refusé de s’en excuser lui a valu d’être licencié de France Inter malgré des audiences au sommet pour la bande de Charline Vanhoenacker. L’affaire ira aux prud’hommes. « Nous sommes en phase de conciliation et je réunis les pièces, dont mes contrats pendant douze ans. Je ne suis pas dans un combat de revanche mais je veux que la justice s’applique », affirme Guillaume Meurice.
Le public est acquis à la bande, applaudissant chaque vanne, comme la pique sur les compétences philosophiques de Raphaël Enthoven (compagnon d’Adèle Van Reeth, directrice de France Inter). Tout le monde en prend pour son grade dans une ambiance potache. L’émission, bien menée et rythmée par un Guillaume Meurice devenu chef d’orchestre, fait la part belle à l’invité fil rouge, l’historien Johann Chapoutot, qui multiplie les parallèles éclairés entre la montée du fascisme et l’époque actuelle. L’ensemble fleure la gauche… de la gauche. Guillaume Meurice finit l’émission, ravi. « Médiatiquement, la quasi-intégralité du panel qu’on nous propose est de droite voire d’extrême droite alors on a un côté village gaulois », nous confie-t-il. « C’est bien qu’il y ait une place pour cet humour satirique qui disparaît. La droite, attachée aux traditions, devrait pourtant nous défendre », moque-t-il.
C’est Matthieu Pigasse qui lui a proposé cette carte blanche. « Je l’ai appelé en juin après qu’il s’est fait virer en lui disant qu’il y avait, chez Nova, un espace de liberté pour lui. Cette première correspond exactement à ce que l’on veut insuffler : de l’humour et du sérieux, un espace de liberté et un combat antifasciste, avec un peu de musique », confie l’ancien directeur général délégué de la banque Lazard.
Mais ne s’est-il pas lui-même fait égratigner en direct au titre de ces grands patrons, détenteur de médias et ex-coactionnaire du Monde avec Xavier Niel ? « Preuve que le grand capital peut être au service de causes nobles. C’est mon combat. Je leur ai même dit après l’émission d’être plus abrasif. "No fear, no limit" (pas de peur, pas de limite) hormis la loi française », rétorque l’amateur du groupe de punk rock The Clash.
Des places qui s'envolent
Emmanuel Hoog, directeur général du pôle média de Matthieu Pigasse, s’avoue satisfait « à 200 % ». Frédéric Antelme, directeur du pôle son-radio de Combat et donc de Radio Nova, précise : « Les places jusqu’à fin octobre à 12 et 17 euros se sont envolées en trois jours. L’émission est au-delà de ce que j’imaginais pour une première sachant qu’on voulait bien faire les choses pour être à la hauteur des attentes. Après avoir recréé le programme musical de Nova, l’année dernière, on reconstruit l’éditorial avec une quotidienne menée par Charline Roux (ex-France Inter) et de l’humour, dans l’ADN de Nova, avec La Dernière, disponible sur YouTube et en podcasts ». La seule nouveauté pour Meurice et ses amis, ce sont les quatre plages de pub en deux heures.