Le président d’Editis et de CMI France revient sur les grandes actualités de cet été.

Paris 2024 avec ses cérémonies d’ouverture et de clôture, les audiences des médias et sa moisson de médailles françaises.

Magnifique. Tout m’a enchanté, sauf Marie-Antoinette décapitée, car je n’aime ni la Terreur ni la peine de mort. Une fête du sport joyeuse, belle et bienveillante. Je n’ai jamais vu Paris aussi sympa et festif. Si, en dehors des JO, nous passions notre temps à célébrer nos succès, nos réussites économiques, industrielles, technologiques, culturelles, intellectuelles, peut-être serions-nous plus heureux ?

L’Arcom qui choisit de ne pas reconduire C8 et NRJ12 au profit de RéelsTV et OF TV.

Ce fut inattendu mais, pour nous, heureux. Faire une télévision en trois D - documentaires, débats, divertissement - « récréativement raisonnable », qui nuise à la bêtise et arme la sagesse sans qu’on s’embête, c’est un projet enthousiasmant. Indépendance, liberté, pluralisme, raison : c’est généralement le sens de ce qu’avec Daniel Kretinsky nous voulons faire dans les médias – à Elle, à Franc-Tireur, chez Loopsider – et dans l’édition – chez Plon, Robert Laffont, Julliard, La Découverte… Et c’est exaltant. La société française en a besoin.

Une majorité introuvable et Emmanuel Macron qui rejette la candidature de Lucie Castets à Matignon pour le NFP.

Le suffrage universel n’a désigné aucune majorité. Nous allons donc devoir vivre sous le régime des coalitions comme nombre de démocraties voisines. Alors, quand le Nouveau Front Populaire dit : « tout le programme, rien que le programme », il s’empêche lui-même de gouverner. 73 % des Français n’ont pas voté pour lui, 60 % des députés lui sont défavorables. Dès lors, ce sera sans doute plutôt une coalition à l’abri de la censure, avec une pincée de redistribution pour la gauche, de réalisme économique pour le centre et d’autorité régalienne pour la droite. Et peut-être va-t-on s’apercevoir que le gouvernement par le compromis, c’est plus efficace que la gestion par le clash. C’est la méthode allemande.

Le retrait de Joe Biden au profit de Kamala Harris après l’attentat manqué contre Trump.

Joe Biden a été un bon président pour les États-Unis. Il a mal négocié la sortie d’Afghanistan et sa gestion de la crise au Proche-Orient n’est pas assez ferme vis-à-vis de Benyamin Netanyahu, mais il a apaisé les tensions intercommunautaires dans son pays, relancé l’économie, soutenu fermement l’Ukraine. Pas si mal. Cela étant, impossible de poursuivre pour lui. La campagne courte va aider Kamala Harris. Tout ça sent plutôt bon. Mais franchement, le niveau du débat est affligeant, avec son concours de handicap au golf ! La media-cratie accouche d’une médiocratie.

Elon Musk qui fait de X un instrument de plus en plus politique en interviewant Donald Trump.

La jungle des plateformes numériques est notre péril principal. La liberté sans limite et sans responsabilité, c’est le contraire de la démocratie. Qui s’exprime sur X, Instagram ou ailleurs devrait voir sa responsabilité engageable devant les tribunaux. Et la seule loi applicable à ces plateformes devrait être celle définie par le parlement, pas les chartes internes des opérateurs. Ce n’est pas à X de définir ce qui est raciste et ce qui ne l’est pas. C’est la loi sous le contrôle du juge. Nous devons déclarer la démocratie en danger et faire de la régulation des plateformes une urgence absolue.

Les émeutes en Grande-Bretagne et l’hostilité anti-migrants exacerbée par les réseaux sociaux.

C’est lamentable et effrayant. Mais effrayantes aussi sont les grandes manifestations en burqas réclamant la destruction d’Israël dans les rues de Londres. Une société éclatée en communautés repliées sur elles-mêmes et se détestant les unes les autres. Tout cela, ce sont des dégénérescences de l’esprit public, livré aux outrances du populisme, avec ses mensonges et ses simplifications. On perd le simple sens de l’unité de la Nation, le sens du fait que l’autre est mon semblable, le sens de l’unicité et de l’universalité de l’espèce humaine. En montant les communautés les unes contre les autres, en jetant de l’huile sur le feu, en radicalisant les positions, on ne trouve aucune solution, on aggrave le problème.

Le risque de conflit ouvert Israël-Iran depuis l’assassinat du chef du Hamas, Ismaël Haniyeh, à Téhéran.

Il y a une petite démocratie, sans doute imparfaite, Israël, qui reconnaît les droits de ses 20 % de citoyens arabes, l’égalité des femmes et des hommes, la liberté des LGBTQ+, la liberté de manifestation, de la presse, l’indépendance des juges… Et contre elle, 22 pays de la Ligue Arabe qui sont des régimes autoritaires ou dictatoriaux, l’Iran qui est une épouvantable théocratie, et des mouvements terroristes sanglants comme le Hamas, le Hezbollah ou les Houthis. Avec le soutien de la Russie. C’est vraiment l’association des malfaiteurs. Certes, le gouvernement Netanyahu est écœurant. L’occupation de la Cisjordanie, inacceptable. La guerre à Gaza, extrêmement brutale. Mais tant que les Arabes n’accepteront pas l’idée qu’Israël a le droit à l’existence en vertu d’un passé trois fois millénaire et d’une décision de l’ONU en 1947, il n’y aura pas de paix. Vous imaginez, si on avait construit les deux États, il y a 75 ans, s’ils avaient coopéré, combien de vies auraient été épargnées, de richesses créées, combien de destins se seraient déployés ? Le « Viva la muerte » a déjà sacrifié trois ou quatre générations de Palestiniens. Quel gâchis. Je continue de croire cependant qu’un jour viendront des temps raisonnables. Les États-Unis et l’Europe doivent forcer le destin et le chemin de la paix en donnant un État aux Palestiniens et la sécurité à Israël.

Google reconnu coupable par un tribunal fédéral d’avoir bloqué ses concurrents en payant pour installer sa solution par défaut sur les smartphones.

Le pouvoir abuse, le pouvoir absolu abuse absolument. Mais Google n’est pas le pire des Gafa. C’est, à mon avis, celui qui est potentiellement le plus raisonnable et accessible à la discussion.

La nouvelle saison de Ligue 1 qui démarre avec un abonnement à 40 euros exigé par DAZN, le nouvel ayant droit.

L’an dernier, avec Amazon Prime et 22 euros par mois vous aviez quasiment tous les matchs de L1. Canal+ avait une rencontre par week-end. Cette année, si vous voulez tous les matchs, c’est DAZN + BeIn, soit 55 euros. Une énorme incitation à passer à l’illégal… ou à aller au bar du coin. Le système avec Canal+ était bien plus soutenable. Mais enfin, les responsables, ce sont les clubs. La gourmandise est un vilain défaut.

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