Entre rachat et accusations de «manipulation médiatique» par Médiapart, BFMTV a répété ses engagements d'«indépendance» et de stabilité lors de son audience devant l'Arcom pour garder sa place sur la TNT.
Dernière ligne droite des auditions des 24 candidatures pour le renouvellement de 15 fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT) par l’Arcom. Parmi les auditionnés ces lundi 15 et mardi 16 juillet : CNews, L’Express, « RéelsTV » du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, la société Média Santé Info TV avec son projet « Mieux » (porté par Franck Papazian, fondateur du groupe d’écoles MediaSchool Group et propriétaire de Stratégies), le projet de Ouest-France et la reconduction de BFMTV.
« Je suis le bouclier (des) pressions quotidiennes de l’ensemble du personnel politique pour laisser la rédaction travailler », a de nouveau assuré Marc-Olivier Fogiel, interrogé sur l’indépendance de ses journalistes. Le directeur général de BFMTV est mis en cause par le site d’investigation Médiapart, qui a publié ses échanges de SMS avec l’attachée de presse de l’ancien président Nicolas Sarkozy, dans le contexte de l’affaire des financements libyens de sa campagne présidentielle en 2007, portant sur la diffusion de la vidéo de la rétractation de l’intermédiaire Ziad Takieddine en 2020 et la négociation d’une interview de Nicolas Sarkozy.
La rédaction de BFMTV avait ensuite demandé des explications à Marc-Olivier Fogiel.
« Nous sommes farouchement indépendants […] Aucun de ceux ici à mes côtés ne m’a jamais demandé quelles questions j’allais poser, nous jouissons d’une liberté totale », a pour sa part assuré Apolline de Malherbe, journaliste phare de BFMTV, en désignant les dirigeants de la chaîne.
Les représentants de BFMTV n’ont toutefois pas apporté d’autres garanties que leurs déclarations de « bonne foi », leur comité d’éthique réuni tous les mois et le renouvellement prochain et régulier d’une charte déontologique, a fait remarquer l’un des conseillers de l’Arcom.
« Notre mission n’est pas de juger ou de commenter, notre mission, c’est de raconter, expliquer et, surtout, veiller à la véracité des faits », a aussi insisté Marc-Olivier Fogiel, contrastant avec sa rivale CNews, qui s’est présentée la veille comme une antenne « de débat », expliquant par là les « quelques dérapages, inconvénients » pour lesquels elle a été sanctionnée par le régulateur de l’audiovisuel.
Pour la première fois en mai puis juin, BFMTV, rachetée le 2 juillet par l’armateur de CMA CGM Rodolphe Saadé, propriétaire du groupe de média CMA Média (soit La Provence, Corse Matin, La Tribune et La Tribune Dimanche et de participations dans Brut et M6), s’est vu ravir la place de leader des chaînes d’information en continu (en parts de marché) par CNews, dans le giron de Vincent Bolloré. Cette dernière serait rentable depuis mars dernier.
Les chaînes retenues seront connues fin juillet.