Dans le cadre du renouvellement de 15 fréquences TNT, l'Arcom auditionne ce lundi 15 juillet les dirigeants de CNews, régulièrement rappelée à l'ordre et sanctionnée par le gendarme de l'audiovisuel en raison de propos tenus sur son antenne.
A nouveau sanctionnée la semaine dernière, CNews gardera-t-elle sa fréquence TNT ? L'Arcom, qui mène une vague d'auditions pour choisir les prochains titulaires de ces précieux canaux, reçoit lundi 15 juillet au matin les dirigeants de la chaîne, dont les audiences ont bondi ces derniers mois.
Emmenée par ses vedettes Pascal Praud, Laurence Ferrari ou encore Sonia Mabrouk, CNews s'est classée numéro un des chaînes d'information en continu (en parts de marché) en mai puis en juin devant BFMTV, une performance inédite. Créée en 2017 sur les cendres d'iTélé, elle espère renouveler son autorisation de diffusion par voie hertzienne qui prend fin en 2025 et défendra son cas devant le régulateur de l'audiovisuel pendant une audition d'une heure et demie.
Au total, 24 candidats sont en lice dans cette procédure lancée fin février pour renouveler 15 fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT). Les chaînes retenues seront révélées fin juillet. Comme C8, qui gravite elle aussi dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré et a été auditionnée mardi 9 juillet, CNews est régulièrement rappelée à l'ordre et sanctionnée par l'Arcom en raison de propos tenus sur son antenne.
La semaine passée, deux amendes d'un total de 80 000 euros infligées à CNews ont ainsi été rendues publiques, pour « manquements » de la chaîne à ses obligations lors d'un débat consacré au projet de loi immigration et pour des propos climatosceptiques. En mai, l'Arcom avait déjà prononcé une amende de 50 000 euros pour des déclarations de Geoffroy Lejeune, directeur du Journal du dimanche, selon lesquelles l'antisémitisme et la surpopulation carcérale étaient des conséquences de « l'immigration arabo-musulmane ».
TPMP en différé
Jeudi 11 juillet, convié par l'Arcom pour défendre la candidature de la chaîne Canal+ - après Canal+ Sport, C8, et Canal+ Cinéma(s) -, le président du directoire du groupe, Maxime Saada, avait insisté sur les liens entre ses différentes antennes, appelant l'autorité à « conserv(er) l'équilibre actuel » en les renouvelant toutes. « Sans les chaînes gratuites C8, CNews et CStar, le groupe Canal+ (qui est aussi le principal financeur de la création cinématographique parmi les diffuseurs en France, ndlr) se retrouverait désarmé pour préparer les enjeux publicitaires de demain et monétiser ses offres hybrides », avait-il expliqué.
Au cours de l'audition dédiée à C8, ses dirigeants, qui savent la chaîne sur la sellette, s'étaient engagés à diffuser Touche pas à mon poste, l'émission de Cyril Hanouna, avec un différé pouvant aller jusqu'à 45 minutes afin d'éviter tout dérapage, alors que les polémiques provoquées par l'animateur-producteur controversé ont donné lieu à plus de 7,5 millions d'euros d'amendes ces dernières années.
Bolloré nie vouloir promouvoir «une idéologie» d'extrême droite
En début d'année, les principales figures de CNews et Vincent Bolloré avaient été auditionnés par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur l'attribution des fréquences TNT. Son rapporteur, le député LFI Aurélien Saintoul, avait affirmé à son issue qu'il « ne comprendrait pas que les chaînes CNews et C8 puissent se voir en l'état renouveler leurs autorisations de diffusion ». Selon lui, ces chaînes vivent « de l'abus » et « du contournement des règles ».
A l'époque, Vincent Bolloré avait assuré ne pas intervenir sur les contenus et nié vouloir promouvoir « une idéologie » d'extrême droite, comme l'en accusent des détracteurs de CNews. Après un recours de Reporters sans frontières, le Conseil d'État a par ailleurs demandé mi-février à l'Arcom de renforcer son contrôle du pluralisme sur CNews et, au-delà, sur toutes les télés et radios.