Mediapart allègue dans une enquête que le directeur général de BFM TV et d'autres figures de la chaîne ont pris part à une «manipulation médiatique» en faveur de Nicolas Sarkozy dans l'affaire des financements libyens.
Dans une enquête, publiée mercredi 10 juillet, Mediapart révèle l'existence de SMS de responsables et figures de BFM TV adressés à Nicolas Sarkozy en soutien, par l'intermédiaire de sa conseillère en communication et attachée de presse Véronique Waché, dans le cadre de l'affaire des financements libyens de la campagne présidentielle de 2007. Une opération baptisée « sauver Sarko », d'après Mediapart, qui a mené à la diffusion d'un faux scoop, le 11 novembre 2020, sur la chaîne d'information en continu : la rétractation en vidéo de Ziad Takieddine qui dédouanne l'ex-président dans cette affaire.
Marc-Olivier Fogiel, directeur général de BFM TV, mis en cause par Mediapart, a défendu jeudi un traitement « journalistiquement irréprochable » de cette rétractation. « L'antenne a comme à chaque fois travaillé en toute indépendance et a été journalistiquement irréprochable », a-t-il déclaré à l'AFP. « Les conversations privées tronquées avec des sources ne sont pas destinées à être publiques. Elles permettent justement de tenir à distance les pressions », a également réagi Marc-Olivier Fogiel qui indique s'être entretenu avec la Société des journalistes (SDJ) mercredi.
Déontologie journalistique
Alors que les représentants du personnel demandent des explications, « un échange entre Marc-Olivier Fogiel et la rédaction est prévu demain », vendredi 12 juillet, a indiqué la chaîne. À l'appel de la SDJ de BFM TV, quelques dizaines de membres de la rédaction se sont réunis dès jeudi pour discuter des suites à donner. « Pas de vote sur une motion de défiance pour le moment, on continue d'échanger avec la direction », a commenté la SDJ auprès de l'AFP à l'issue de cette réunion.
Dans un communiqué publié sur le réseau social X jeudi matin, l'instance s'était dite « déçu(e) malgré les réponses apportées par la direction » et « exige des garanties claires et nettes sur l'indépendance de la rédaction ». « Consternées et stupéfaites », les antennes de la CGT et du SNJ avaient publié mercredi un communiqué dénonçant le « mépris de nombreuses règles déontologiques » et la « compromission » de Marc-Olivier Fogiel dans cette affaire qui « entache la crédibilité de toute la rédaction ».
Carla Bruni-Sarkozy, après son mari en octobre, a été mise en examen mardi 9 juillet dans cette affaire de la rétractation de Ziad Takieddine. L'ancien chef d'État est suspecté d'avoir avalisé des manœuvres pour obtenir la volte-face du principal témoin à charge dans l'affaire, qui doit être jugée en 2025.