Les médias français sont dans les starting-blocks à l’approche du coup d’envoi de Paris 2024 le 26 juillet. Tour d’horizon des dispositifs prévus pour la couverture des JO.

Au soir du premier tour des législatives, le 30 juin, France 5 a fait un pas de côté avec la diffusion de L’Odyssée des Jeux olympiques de Jean-Christophe Rosé, un documentaire sur l’histoire des Jeux dans des contextes de crise politique ou de guerre, raconté par l’acteur Philippe Torreton. À quelques semaines du coup d’envoi de l’événement sportif planétaire, qui se jouera à domicile (une première depuis 100 ans), la tension médiatique monte d’un cran, dans un contexte national chahuté. Si (presque) tous les médias se préparent à cette grande fête mondiale du sport, certains sont davantage attendus sur le terrain olympique, à commencer par France Télévisions. Diffuseur officiel en clair pour la France, le groupe audiovisuel public a présenté, le 11 juin, l’entièreté de son dispositif pour les JO, qui se déroulera autour de deux plateaux TV principaux, le premier au Trocadéro, le second au Club France, situé dans la Grande Halle de la Villette.

France Télévisions avait rassemblé 50 millions de téléspectateurs lors des derniers Jeux d’été, à Tokyo, en 2021, malgré un décalage horaire qui lui était défavorable. Le groupe sait donc qu’il peut espérer faire encore mieux en 2024. « Retenez votre souffle parce qu’il n’y aura pas de répit », a averti Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, dans son discours introductif, le 11 juin. France Télévisions planifie une diffusion en continu des épreuves sur France 2 et France 3, du 26 juillet au 11 août. Seuls Télématin, les JT et les programmes religieux resteront à l’antenne, avec une bascule des épreuves sur France 5.

France 2 sera consacrée aux grands moments et aux disciplines emblématiques des Jeux (natation, athlétisme…), ainsi qu’aux médaillés français. France 3 sera orientée vers les sports collectifs, les équipes internationales et les épreuves dans la durée (marathon, cyclisme…). La chaîne numérique « France.tv Paris 2024 », animée par les créateurs de contenus Rivenzi, Zack Nani, Manon Lanza et Alizé Lim, diffusera quant à elle les épreuves de sport urbain et de glisse, avec un tchat permettant aux internautes d’interagir. Chaque soir dans l’émission Quels Jeux !, Léa Salamé et Laurent Luyat, personnalités connues de l’audiovisuel public, reviendront sur les temps forts et les exploits du jour. France Télévisions promet également d’assurer une bonne couverture des Jeux paralympiques, qui se dérouleront du 28 août au 8 septembre, avec 1 800 heures de diffusion.

Recrutement d'abonnés

De son côté, Eurosport, le groupe détenteur des droits de diffusion des JO en Europe jusqu’en 2032 (et dont la maison mère Warner Bros. Discovery sous-licencie les droits à France Télévisions), annonce 3 800 heures de direct pour les JO et jusqu’à 62 flux en simultané, dans plus de 20 langues, via ses 10 chaînes thématiques et sa présence en digital. Le groupe audiovisuel privé a également prévu trois émissions quotidiennes. « Notre mission pour les JO est de faire d’Eurosport la destination préférée pour les Jeux en France, en s’appuyant sur les quatre "E" de notre identité : exhaustivité, exclusivité, entertainment et expertise », a détaillé Géraldine Pons, directrice des sports d’Eurosport France, lors d’une conférence de presse le 6 février 2024. Les Jeux sont aussi un atout pour le recrutement d’abonnés de la plateforme de streaming payante Max, lancée le 11 juin par Warner Bros. Discovery. Sur Max, l’option « sport » (à 5 euros) permet d’accéder aux chaînes d’Eurosport et donc à l’intégralité des épreuves.

Les radios officielles, la publique Franceinfo et la privée RMC, se préparent également à suivre assidûment l’actualité olympique. Les deux stations prendront leurs quartiers d’été au Club France le temps des JO. « Nous devons être à la hauteur de ce rendez-vous », s’est exprimé Karim Nedjari, directeur général de RMC Sport, lors d’une conférence de presse, le 16 mai. En plus de son antenne dédiée à l’événement sportif, RMC proposera trois webradios : « 100 % bleus », « 100 % sport collectif » et « 100 % sports individuels ». Et, tout comme les groupes France Télévisions ou Eurosport, qui se targuent chacun de réunir plus d’une cinquantaine d’experts (souvent d’anciens athlètes), les deux stations mettent en avant leurs journalistes et consultants sportifs stars, à l’instar de l’ancien footballeur Bixente Lizarazu ou du nageur handisport Théo Curin pour Franceinfo, de l’ancien judoka David Douillet ou de la joueuse de tennis Marion Bartoli pour RMC.

Numéros spéciaux

Les médias non officiels prévoient également de jouer des coudes pour attirer les audiences durant les JO, en attestent les grilles des programmes (Arte a programmé deux documentaires sur le sujet le 23 juillet), les éditions spéciales, les newsletters dédiées, les « Guides des Jeux » ou encore les onglets « Paris 2024 » qui fleurissent sur les pages d’accueil de leur site. Le quotidien L’Équipe a ainsi prévu un dispositif éditorial conséquent avec, entre autres, un cahier central de résultats. Et pour les touristes étrangers, un Guide des Jeux en anglais sera vendu avec le journal le 27 juillet. Le Parisien a, de son côté, anticipé la rédaction de guides pratiques et proposera, le 26 juillet, un numéro du week-end spécial, « Un siècle de Jeux », ainsi qu’un numéro collector, « C’était Paris 2024 », le 16 août.

Autre initiative, 20 Minutes et Ouest-France ont annoncé début juin s’allier pour la publication de « L’Édition des jeux », trois numéros spéciaux de 32 pages, tirés à 500 000 exemplaires, qui seront diffusés les 26 juillet, 2 et 9 août en des lieux clés des JO (sites officiels, sites touristiques, fans zones, réseaux de transports) avec une présence terrain renforcée par colporteurs. On peut aussi évoquer Brut, qui proposera, par la voix de sa journaliste Safae Taouih, un module quotidien sur les JO et couvrira les à-côtés du sport, avec des synergies entre Brut France, Brut America, Brut Afrique et Brut Inde pour une couverture internationale.

Enfin, le podcast Le Sacre du Parisien, animé par Anne-Laure Bonnet, et relatant les récits de championnes et champions olympiques et paralympiques français, prendra fin le 24 juillet. On peut également relever la proposition de France Culture, dès avril, d’un reportage en cinq épisodes, Le revers de la médaille : ce que coûtent les médailles aux athlètes, d’Adila Bennedjaï-Zou, réalisée par Somaya Dabbech.