Premier tour des élections législatives, rachat du journal Marianne, duel Trump-Biden... La directrice de la rédaction de La Croix revient sur les grandes actualités de la semaine.
L’impact des résultats du premier tour des élections législatives sur les médias et les acteurs du monde économique.
Les problèmes de pouvoir d’achat ou un sentiment de manque de reconnaissance, qui expliquent la montée du vote RN, touchent aussi directement les entreprises. Des questions se posent sur le rapport au travail, sur les salaires qui ne permettent pas de vivre décemment. Sur les médias, c’est dans les périodes d’actualité avec de forts enjeux que chacun exprime le meilleur ou le pire de lui-même. Au-delà d’audiences et de ventes fortes, le positif est qu’alors les journaux servent « quand même » à quelque chose pour expliquer, donner du sens, mettre les choses en perspective.
Les trois semaines de campagne qui ont abouti à ce résultat.
Les partis et les citoyens ont été pris par surprise par l’annonce de la dissolution. Et pourtant, il y avait dans le pays après les européennes une aspiration à reprendre son souffle. L’Euro se profilait, tout comme le Tour de France, les JO, l’été. Nous avons vécu cette semaine en apnée. Il y a eu des recompositions, des prises de position... On a vécu dans une tension dont on n’est pas sortis et dont on ne voit pas l’horizon. Emmanuel Macron souhaitait une clarification. Il ne l’a pas eue. Pas sûr qu’il l’ait entre les deux tours ou juste après le deuxième tour.
La multiplication des tribunes et prises de position d’électeurs catholiques par rapport au vote RN.
Cette multiplication des prises de parole et leur diversité est une bonne chose. On regrette parfois un certain manque de culture du débat dans l’Église. Dans une campagne pourtant courte, les propositions de textes sont vite arrivées – nous avions annoncé à nos lecteurs que dans notre espace « À vif », il était possible de débattre de façon apaisée. L’une des explications de cette diversité est qu’il y a moins de prises de parole de la part des évêques, d’autres (associations, laïcs…) ont pris le relais. C’est un signe de vitalité. À La Croix, nous n’avons pas à proprement parler lancé d’appel au vote. Nous avons dit les valeurs du journal (exigence de vérité, sens de la fraternité) et expliqué où l’on se situait. Le lecteur fait son miel de tout cela. Il attendait que l’on mette des mots sur ce qui arrivait.
Le rachat de Marianne refusé par la rédaction après la publication dans Le Monde d’informations sur la proximité du candidat au rachat Pierre-Édouard Stérin avec le RN.
Depuis plusieurs années, le monde des médias est très fragilisé. Leur modèle économique est siphonné par les Gafam, le modèle de la publicité s’écroule. Ce qui se passe à Marianne est le symptôme de cette fragilité. S’ajoutent à cela la précarisation des journalistes et la méfiance des gens dans les médias, qui grandit tandis que la confiance s’érode, comme le montre notre baromètre annuel sur le sujet.
Le duel Trump-Biden du 27 juin et notamment la communication du président sortant.
On se plaint du niveau du débat politique en France mais quand on observe les États-Unis, c’est bien pire. Les démocrates ont été tétanisés. Le Washington Post et le New York Times ont demandé à Biden de se retirer de la course à la présidentielle. Ses hésitations, ses trous de mémoire… C’était inquiétant. Il y a aussi eu des propos à l’emporte-pièce entre les deux candidats, voire des insultes. Il est saisissant de voir ce qu’est devenue la démocratie américaine. On dit parfois que ce qui se passe aux États-Unis finit par arriver en France. On n’en est pas là mais pas sûr qu’une telle évolution ne puisse pas nous toucher. Par exemple, le fait de ne plus pouvoir se parler dans une même famille, ou la contestation de ce qui est un fait et non une opinion.