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L'Arcom a mis en demeure Europe 1, relevant des irrégularités dans le traitement de l'actualité électorale et des différents partis au sein de l'émission On marche sur la tête, animée par Cyril Hanouna le temps de la campagne éclair des élections législatives. 

Un traitement « largement univoque » de l'actualité électorale : Europe 1, où l'animateur controversé Cyril Hanouna présente une émission spécialement conçue pour la campagne des législatives anticipées, a reçu une mise en demeure de l'Arcom pour manque de « mesure » et d'« honnêteté ».

La vedette de C8, chaîne dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, a atterri le 17 juin sur la radio de l'homme d'affaires pour y présenter une quotidienne, On marche sur la tête, de 16H00 à 18H00, en amont des élections du 30 juin et du 7 juillet. Deux jours après le lancement du programme, critiqué par de nombreux observateurs pour sa ligne pro-extrême droite et anti-Nouveau Front populaire, l'Arcom avait rappelé à Europe 1 ses obligations en matière de « pluralisme » et d'« honnêteté ».

« Manque de mesure et d'honnêteté »

Jeudi 27 juin, le régulateur a estimé notamment que l'actualité électorale de La France insoumise et du Nouveau Front populaire, coalition des principales formations de gauche, y a été traitée « de manière systématiquement critique et virulente, en des termes souvent péjoratifs et outranciers ». En outre, le traitement « a été largement univoque, la plupart des invités, dont une grande majorité sont issus du même courant politique, ayant tenu des propos convergents », selon la décision de l'Arcom.

Entre le 17 et 26 juin, seize invités sur 29 représentaient ou soutenaient les partis relevant du bloc extrême-droite, contre sept issus de la majorité présidentielle et deux issus du Nouveau Front Populaire, détaille l'Arcom. « L'ensemble de ces éléments traduit un manque de mesure et d'honnêteté dans les commentaires de l'actualité électorale ». Autre grief retenu par le régulateur : l'horaire de diffusion, « susceptible d'attirer des audiences importantes » avec des propos qui « trouvent un relais significatif sur les réseaux sociaux, en raison de l'amplification particulière donnée à ces émissions tant par l'éditeur que par l'animateur ». Un effet encore amplifié par la brièveté de la campagne électorale, souligne l'Arcom, dont la décision doit encore être publiée au Journal officiel et qui est étayée de nombreux exemples.

« Amoureux des voyous »

Pas avare en déclarations, Cyril Hanouna s'en est pris à plusieurs reprises à l'ancien président socialiste François Hollande, candidat dans la première circonscription de Corrèze sous les couleurs du Nouveau Front populaire. Il a surtout attaqué son chroniqueur Gilles Verdez, l'accusant de « valider la stratégie islamo-gauchiste de La France Insoumise et donc du Nouveau Front Populaire ». « Ils ont un triple objectif, c'est la destruction de la République, la destruction du pays et la destruction de notre civilisation », a-t-il lancé. « Pour l'extrême gauche, il n'y aura aucune limite (...) dans la glorification des voyous. Ils sont des amoureux des voyous », a renchéri un chroniqueur d'On marche sur la tête le 21 juin. Un autre a qualifié de « stupide » et d'« ignare » une personne qui s'était déclarée opposée au Rassemblement national. Sollicité par l'AFP, Europe n'a pas fait de commentaire.

Dans l'échelle disciplinaire de l'Arcom, la mise en demeure suit la mise en garde et précède les sanctions, auxquelles est habituée C8, où officie habituellement Cyril Hanouna. Les dérapages lors de ses émissions ont déjà valu à la chaîne un total de 7,5 millions d'euros d'amendes. Le dernier numéro de Touche pas à mon poste, diffusé en direct sur C8 courant juin, a d'ailleurs fait l'objet d'une saisine de l'Arcom. Cyril Hanouna y a joué les entremetteurs en appelant le président du RN, Jordan Bardella, pour que l'eurodéputée Reconquête! Sarah Knafo lui laisse un message et réclame un accord en vue des législatives.

Prévue pour deux semaines, son émission radiophonique doit s'achever ce vendredi 28 juin en même temps que la campagne. Elle illustre les ponts entre les différents médias contrôlés par Vincent Bolloré (C8, CNews, Europe 1, le JDD...), qui partagent de nombreuses figures. Deux ex-chroniqueurs de CNews, Pierre Gentillet et Guillaume Bigot, sont candidats RN aux législatives.

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