L’organisation professionnelle des libraires s’inquiète du risque de nombreuses faillites des plus petites librairies en France.
Une étude réalisée par le cabinet Xerfi à l’occasion des Rencontres nationales de la librairie, à Strasbourg ce dimanche 16 juin et lundi 17 juin, pointe la fragilité économique des librairies indépendantes, notamment harassées par la hausse des charges. La France compte 3 700 librairies indépendantes, un chiffre qui est en hausse depuis 2019, d’après le Syndicat de la librairie française (SLF).
Ce dynamisme est celui d’un secteur dont les entrepreneurs, qui doivent composer avec des marges très réduites, et les salariés, souvent cantonnés à des rémunérations proches du minimum légal, sont « guidés par la passion pour leur métier », selon leur organisation. Xerfi relève « une rentabilité parmi les plus faibles du commerce de détail », avec un bénéfice net qui représentait 1,1 % du chiffre d’affaires en 2022. Hors alimentaire, seuls les magasins de chaussures, d’informatique et de fleurs font moins bien.
« Les librairies doivent générer un chiffre d’affaires supplémentaire de 5 à 8 % d’ici 2025 »
Après une année 2021 exceptionnelle, un exercice 2022 plus ordinaire et une année 2023 médiocre, les perspectives ne sont pas bonnes pour 2024 et 2025, d’après les projections du cabinet. Face à un marché du livre qui stagne et des coûts qui augmentent (frais de personnel, loyers, transports, énergie), les grandes librairies devraient voir en 2025 leur rentabilité rester stable, à 1,7 %, les moyennes voir la leur baisser, à 0,8 %, et les petites se retrouver dans le rouge, à -1,3 %.
« Les librairies doivent générer un chiffre d’affaires supplémentaire de 5 à 8 % d’ici 2025 pour compenser la hausse prévisible de leurs charges », estime Xerfi en conclusion. Cette croissance « paraît hautement improbable », expliquait à la presse début juin la vice-présidente du SLF, Amanda Spiegel. Elle appelait les pouvoirs publics et autres acteurs du marché du livre (éditeurs, diffuseurs et distributeurs) à des concessions, sous peine de voir de nombreux commerces baisser leur rideau. « En l’absence de mesures en faveur des librairies, la plupart d’entre elles se retrouveront déficitaires d’ici deux ans », affirmait-elle.
Les libraires souhaitent « une baisse drastique » de la production, qui « nous permettrait de faire notre métier de manière beaucoup plus qualitative », disait-elle. Elle a également exhorté les groupes d’édition à appliquer systématiquement aux libraires des tarifs aussi avantageux que ceux accordés autres vendeurs de livres, comme Amazon. Et à s’aligner sur les pratiques commerciales des deux groupes les plus vertueux, Editis et Madrigall. Enfin, aux pouvoirs publics, le SLF réclame que la réduction de 9 % sur le prix des livres accordée aux collectivités locales, pour les achats destinés aux bibliothèques, soit abaissée à 5 %.