Journaliste, consultant sportif, communicant… Ces professionnels seront mobilisés cet été sur les Jeux olympiques et paralympiques de Paris. Quels sont leurs parcours et leurs missions durant l’événement ? Galerie de portraits.
- Lionel Dangoumau, directeur de la rédaction de L’Équipe
Pur produit de L’Équipe, Lionel Dangoumau a commencé à travailler pour le quotidien sportif en 2002, à l’âge de 23 ans, au sortir de son école de journalisme, l’ESJ Lille, après avoir remporté le concours d’écriture La Page d’Or (aujourd’hui rebaptisé la Bourse Jacques-Goddet, du nom du fondateur de titre de presse). Nommé rédacteur en chef du service foot en 2016, après trois années passées comme correspondant à Barcelone, Lionel Dangoumau a pris la direction de la rédaction du journal en septembre 2023. Les JO viendront donc conclure sa première année à la tête du journal. « Les prochains mois vont compter », estime le journaliste originaire de Dax, depuis son bureau à Boulogne-Billancourt. Pour la période qui s’annonce intensive, Lionel Dangoumau ne partait pas d’une page blanche. « Le sujet a été lancé par mon prédécesseur, Jérôme Cazadieu [parti pour la Ligue de football professionnel]. Le gros du travail a été fait, même s’il reste des choses à trancher. Et je ne travaille pas seul, il y a Jean-Philippe Leclaire, directeur adjoint de la rédaction, Jean-Denis Coquard, rédacteur en chef du service omnisports… », tempère le top manager, régulièrement interrompu par des demandes extérieures, notamment au sujet du numéro du 26 juillet, l’édition spéciale qui ouvrira les Jeux. L’Équipe affiche un objectif de diffusion majoré de 15 % à 20 % sur la période. Tout en gardant un œil sur le match Slovaquie-Ukraine de l’Euro de football, diffusé vendredi 21 juin, sans le son, dans un coin de son bureau, Lionel Dangoumau présente la ligne de conduite de la rédaction, qui compte environ 270 journalistes, dont 70 sont accrédités pour les sites olympiques. « On va prolonger les Jeux, en approfondissant les exploits et les contre-performances. On a l’avantage de connaître tous les athlètes puisqu’on les suit depuis des années », fait valoir le directeur de la rédaction, qui a hérité de la passion du sport de son père, lui-même lecteur du journal.
- Émile Abinal, responsable audiovisuel de Paris 2024
Il attend avec impatience de vibrer à l’unisson des téléspectateurs. Émile Abinal est le responsable audiovisuel des Jeux olympiques et paralympiques, pour lesquels il œuvre depuis janvier 2020 au sein de la direction de la marque Paris 2024. Âgé de 45 ans, manager d’une équipe d’une douzaine de personnes, il est l’homme derrière la mise en images des contenus de présentation des mascottes, de la torche olympique, des médailles, du parcours du marathon ou encore du relais de la flamme. Mais son plus bel accomplissement sera diffusé dans les prochains jours sur France Télévisions. Il s’agit du programme Au Cœur des Jeux, une série documentaire en cinq épisodes de 52 minutes (trois seront diffusés le 22 juillet sur France 2, deux à la clôture des Jeux paralympiques), produite par Elephant Adventures et réalisée par les Français Jules et Gédéon Naudet. Ces derniers se sont fait connaître pour avoir filmé les pompiers new yorkais du World Trade Center, le 11 septembre 2001. Ce choix de réalisateurs a été porté par Émile Abinal. « On avait la même ambition, celle de dépoussiérer le genre du film officiel », explique l’expert de la production, qui n’hésite pas à voir les choses en grand, voire très grand, puisqu’il a notamment été le directeur du studio de JR, artiste spécialisé dans les collages photographiques monumentaux, entre 2007 et 2019. Une aventure folle qu’Émile Abinal a véritablement démarrée quelques années plus tôt lorsqu’il avait 24 ans. Jeune papa ayant dû renoncer à une carrière dans l’archéologie, il préparait alors son mémoire de l’École du Louvre. Celui-ci portait sur les liens balbutiants entre les mondes du graffiti et des galeries d’art. « JR avait 17 ans, il avait un blog et je lui ai envoyé un message », retrace-t-il. On connaît la suite : l’artiste est devenu célèbre et, à ses côtés, Émile Abinal a parcouru le monde, notamment aux Jeux de Rio en 2016. L’une de ses plus grandes fiertés : avoir été le producteur associé de Visages Villages, coréalisé par JR et Agnès Varda, et nommé dans la catégorie meilleur film documentaire aux Oscars et aux César. Que compte-t-il faire après les Jeux ? Celui qui se dit passionné d’œnologie se laisse le temps de mûrir un nouveau projet.
- Marie-Aimée Gaultier, responsable des relations médias Paris 2024 pour Danone
Novembre 2022, Danone annonce être partenaire officiel des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. La nouvelle enthousiasme Marie-Aimée Gaultier, qui travaille à la communication externe de la multinationale depuis 2017. « C’est un événement planétaire dans la ville où j’ai grandi. Pouvoir participer à ça en tant que partenaire, c’est exceptionnel. Je me suis tout de suite portée volontaire », relate-t-elle. Pour cette communicante de 39 ans, diplômée du Celsa, qui a travaillé pour de grandes entreprises, notamment le groupe PSA à Pékin, ou encore Alstom et General Electric, les JO représentent « une expérience unique dans une carrière professionnelle ». Avec trois autres salariés, leur mission est de « faire émerger Danone dans un environnement médiatique saturé », résume-t-elle. Le cœur du projet est donc de mettre en lumière toutes les activations de la marque comme, par exemple, ses kiosques « Yaourt & Co », implantés dans des lieux d’affluence. Il s’agit aussi d’organiser et de préparer les prises de parole des dirigeants et des huit athlètes ambassadeurs de Danone, parmi lesquels la judoka Clarisse Agbegnenou ou encore les handballeurs Jackson et son fils Melvyn Richardson. Des sujets qui passionnent Marie-Aimée Gaultier et qui l’amènent à travailler avec des médias très divers, elle qui d’ordinaire est investie sur des sujets business et financiers. La mission de son équipe comporte également un volet de surveillance des sujets sensibles et de veille réputationnelle. « Le projet Paris 2024 fonctionne comme une entreprise dans l’entreprise », ajoute-t-elle. Cela implique des collaborations étroites et nouvelles entre les différentes fonctions de l’entreprise chargées de faire vivre le partenariat. Lors du coup d’envoi des JO, Marie-Aimée Gaultier « montera d’un étage » au siège de l’entreprise boulevard Haussmann, où sera installée « la Maison Danone, un lieu où il sera possible de regarder les épreuves, déguster des produits, inviter nos partenaires et médias », se réjouit-elle. Danone prévoit de distribuer 4 millions de produits laitiers et d’origine végétale durant les Jeux.
- Matthias Dandois, ambassadeur des nouveaux sports olympiques
Il a été neuf fois champion du monde de BMX Flat (des figures réalisées en BMX sur un sol plat, sans rampe ou autre module). Matthias Dandois aura plusieurs casquettes durant les Jeux, en particulier celle d’ambassadeur des « nouveaux sports olympiques » pour Paris 2024, aux côtés de la skateuse brésilo-américaine Leticia Bufoni et d’une autre athlète tricolore, la basketteuse Diandra Tchatchouang. En quoi consiste ce rôle ? « En amont, c’était du consulting auprès du CIO et, pendant les Jeux, ce sera l’animation du parc urbain à la Concorde puisque ma discipline va sûrement rentrer aux Jeux olympiques de Los Angeles en 2028 », expose-t-il. Les spectateurs de cette scène ouverte pourront ainsi voir l’athlète de 35 ans sur son fidèle destrier cet été, mais pas seulement. On pourra aussi lire ses chroniques dans Le Parisien. « Je vais expliquer les règles des nouveaux sports et la culture autour de tout ça. Je ferai aussi des petits portraits d’athlètes, avec un ton humoristique et rafraîchissant », promet-il. Un exercice journalistique qu’il connaît bien puisque, depuis un an, Matthias Dandois fait des interviews d’athlètes en vidéo pour Eurosport. Un parcours admirable pour celui qui, à Épinay-sur-Orge où il a grandi, rêvait d’abord de devenir footballeur. Collégien, dégoûté du ballon rond par un entraîneur irascible, il est tombé sur une séquence de démonstration de BMX Flat à la télévision dans l’émission d’Évelyne Thomas C’est mon choix. Ça a été la révélation pour l’adolescent et « par un heureux hasard, un pro donnait des cours de BMX Flat à cinq minutes de chez moi », se souvient-il. En 2006, il gagne sa première compétition professionnelle, en 2008 son premier championnat du monde. Son dixième titre, il compte le remporter le 20 décembre prochain à Abu Dhabi. Matthias Dandois est également entrepreneur. Avec trois associés, ils vont ouvrir en septembre prochain La Farm, un centre d’entraînement en Champagne pour « sportifs prometteurs ».
- Mathilde Fontanot, plume de Paris 2024
« Avoir un message clairement défini et rédigé, c’est la base de toute communication. Et les experts du message, ce sont les plumes, dont on attend qu’elles trouvent les mots justes », explique Mathilde Fontanot, 32 ans, plume et responsable du département éditorial de Paris 2024. Depuis sa prise de poste en janvier 2023, elle a monté une équipe de plumes dont elle loue les qualités. Avec elle, Mathilde Fontanot a assuré la livraison d’un volume important de textes. « On parle de milliers de pages », précise cette diplômée de l’Efap de Lille, qui a également suivi une formation à l’Ena. Durant les Jeux, cette professionnelle au parcours riche (elle a notamment rédigé des discours ministériels) sera basée au Media Press Center, situé au Palais des Congrès, à Paris, où son rôle consistera, entre autres, « à la préparation de la conférence de presse quotidienne, à laquelle les médias du monde entier assisteront et poseront des questions sur tout type de sujet ». De nature discrète, une qualité pour le poste de l’ombre qu’elle occupe, Mathilde Fontanot dit avoir accepté l’exercice du portrait pour faire connaître sa profession, qu’elle juge méconnue, et peut-être ainsi susciter des vocations. « Il faut aimer cette posture en coulisses : je suis là pour faire briller les autres. J’occupe un poste clé qui consiste à rédiger des messages diffusés sous différentes formes : statements, éléments de discours, communiqués… », énumère-t-elle. « Ces textes sont fournis à tout l’écosystème des Jeux, les destinataires s’en servent pour communiquer à leur tour. C’est un métier qui ne tolère aucune approximation », poursuit cette mordue de travail, ancienne journaliste, qui évoque l’exigence de son métier actuel, qu’elle a également exercé cinq années avec passion chez Mazars. « Être une bonne plume, ça n’est pas juste avoir une certaine aisance rédactionnelle mais savoir dire l’essentiel avec relief. C’est avoir une plume fine, rapide et polyvalente, adaptée à la cible. Cela implique de comprendre très vite les enjeux d’une situation parfois extrêmement complexe et impliquant des dizaines de parties prenantes », confie-t-elle.
- Antoinette Gomis, consultante breaking pour France Télévisions
« Je suis prête pour l’événement et impatiente d’y être même si je ne réalise pas encore l’aventure extraordinaire que cela va être », débute la danseuse Antoinette Gomis, qui a parcouru le monde pour des battles, des clips, des concerts et même des publicités (Garnier, Yves Saint Laurent, Chanel, Puma…). Antoinette Gomis va commenter les épreuves de breaking, les 9 et 10 août prochains, à la télévision française. Le break, cette danse urbaine qui a vu le jour il y a plus de 50 ans dans le Bronx à New York, fait son entrée pour la première fois en tant que discipline olympique aux Jeux de Paris 2024. Une opportunité pour la chorégraphe repérée par le journaliste de France Télévisions Manuel Tissier. « Je l’ai rencontré lors d’un reportage sur le breaking dans ma ville natale des Mureaux. Ce jour-là, il a réalisé un focus sur la formation de danse que je dispense avec l’association Funky Ladies et la connexion s’est faite naturellement entre nous », relate celle qui a, dans son parcours, travaillé avec de grands noms de l’industrie musicale et cinématographique : Madonna, le trompettiste et producteur Quincy Jones, le réalisateur Michel Ocelot (Kirikou et la sorcière, Azur et Asmar…) ou encore le danseur et chorégraphe Wayne McGregor. « C’est peut-être la seule fois que le break sera présenté aux Jeux olympiques », poursuit Antoinette Gomis. Pour cette passionnée, qui rêvait des Jeux olympiques lorsqu’elle était enfant (elle a pratiqué l’athlétisme jusqu’au lycée), avec des modèles comme Marie-José Perec, Carl Lewis ou encore Stéphane Diagana, Paris 2024 est « l’occasion de faire connaître le break en tant que pratique sportive et artistique ». « Mon rôle sera multiple. En premier lieu, il s’agira de faire de la pédagogie et de transmettre mes connaissances sur l’aspect technique, mais il s’agira également de recontextualiser cette discipline dans son mouvement culturel, le hip-hop. Il me paraît important de pouvoir transmettre le maximum d’informations sur cette culture et ses valeurs », conclut-elle.