Domingo, alias Pierre-Alexis Bizot, était l’invité d’honneur de notre conférence sur les nouveaux formats, le 15 mai dernier. À cette occasion, le streamer aux 1,8 million d’abonnés, et par ailleurs gagnant de Danse avec les Stars d’Internet ou porteur de la flamme olympique, s’est confié sur les enjeux actuels de la création de contenus.

Vous avez embrassé la création de contenus en 2013, à la naissance même du phénomène. Comment ce métier a-t-il évolué en une décennie ?

Il s’est énormément transformé. Rappelons-nous ! C’était les débuts de l’e-sport, nous streamions dans nos chambres ou dans des hangars… Puis le confinement a transformé cette tendance, en popularisant en très peu de temps Twitch et les streamers. Les perspectives de création ont évolué avec cette démocratisation massive, favorisant peu à peu la réalisation de projets plus importants pour un public plus large.

Beaucoup parlent d’une dimension spectacle qui a changé la donne, avec des productions de plus en plus monumentales. C’est aussi votre constat ?

Des événements comme le GP Explorer de Squeezie ont fait bouger les lignes. D’autres formats aussi incroyables arrivent d’ailleurs prochainement, comme le documentaire sur l’ascension de l’Everest d’Inox Tag ou encore le tournoi de football Eleven All Stars d’AmineMaTue. Evidemment, ces millions de vues cumulées ont interrogé sur une éventuelle évolution de Twitch. C’était sans compter sur l’avis de nos communautés, avec qui nous entretenons des liens forts. Si elles apprécient ces shows, elles attendent également que nous protégions l’authenticité qui a fait le succès de la plateforme à ses débuts. À nous donc de cultiver l’équilibre.

Réputé pour être un grand touche-à-tout passionné, comment travaillez-vous vos contenus ?

C’est vrai que j’aime explorer des champs très différents, avec un intérêt particulier pour le sport sous toutes ses formes. Et j’ai la chance de pouvoir concrétiser mes idées grâce à l’accompagnement de Webedia et sa force de frappe en matière de production, distribution et monétisation. Aucun de mes formats ne se ressemble, que l’on parle de L’Echappée, qui embarque à chaque édition plus d’un million de viewers avec du cyclisme, de Wildcard Battle sur Roland Garros, ou du talk-show hebdomadaire Pop-Corn. Dans toutes ces directions, le dénominateur commun reste la recherche de divertissement, pour embarquer les passionnés comme les novices.

Après des relations difficiles au départ, médias traditionnels et écosystème de la création de contenus collaborent de plus en plus. Une tendance qui est amenée à perdurer ?

C’est une belle évolution pour deux mondes qui ne parvenaient pas à se comprendre. Mais si la télévision n’a pas tout de suite perçu les enjeux de notre métier, elle a depuis réalisé un vrai travail, notamment sur l’intégration des usages et envies de nos communautés. Il en naît de très belles choses, à l’image de Danse avec les Stars d’Internet imaginé par Michou, ou encore d’Aux Jeux Streamers avec France Télévision et Webedia. Nos audiences se mélangent, nous découvrons chacun de nouveaux publics, et c’est enrichissant. Restons vigilants sur la qualité des formats, car sur Internet, le manque d’adhésion ne pardonne pas.

Quel regard portez-vous sur la relation des marques et des créateurs de contenus ?

Nous savons aujourd’hui que cette relation est nécessaire, avec des projets dont le coût de production peut parfois s’envoler. Et nous avons la chance que les communautés le comprennent également. Marques, créateurs et agences travaillent de mieux en mieux ensemble. Il faut continuer dans cette voie et ne surtout pas en dévier. Les collaborations doivent impérativement faire sens, sinon elles ne fonctionnent pas.