Les résumés nourris par l’IA de Google, AI Overviews, risquent de cannibaliser les médias en devenant une plateforme de destination des internautes.

Alors que Gartner prévoit une baisse de volume de 25 % d’ici à 2026 des moteurs de recherche au profit de l’IA, Google entend montrer qu’il n’a rien à envier à OpenAI. Quitte à ce que son nouvel outil, AI Overviews, livre d’abord des hallucinations, comme ce régime alimentaire consistant à avaler « un caillou par jour » ou ce fromage accroché à la pizza grâce à de la « colle non toxique ». Google a été contraint de désactiver ses réponses constituées à partir de requêtes absurdes ou ironiques liées parfois à des conversations échangées sur le réseau social Reddit dont il est partenaire. Et il a fait savoir qu’il n’utiliserait pas son outil pour synthétiser des questions d’actualité qui demande une mise à jour permanente.

Il n’empêche que les éditeurs américains sont inquiets. En mai, Google a annoncé que les résumés fabriqués par l’IA d’Overviews, à partir de sites d’information et de blogs, seraient accessibles au grand public. Le New York Times relatait le 1er juin la peur que suscite cette technologie chez Media News Group et Tribune Publishing, qui regroupent 68 quotidiens aux États-Unis. « Cela étouffe potentiellement les créateurs originaux de contenus », a déclaré Frank Pine, son rédacteur en chef, accusant AI Overviews de remplacer les publications qu’il a « cannibalisées ». Le risque est en effet que les moteurs de recherche fournissent des réponses suffisantes avec de nouveaux formats - vidéos par exemple - ce qui en ferait les éditeurs de demain.

En France, Pierre Petillault, directeur général de l’Alliance de la presse d’information générale, partage « la crainte d’une concurrence déloyale et que l’apport de trafic sur nos sites diminue fortement avec des services concurrents difficiles à distinguer au moins sur la forme ». Une façon de dire que, comme ses homologues américains, il reste méfiant après les déclarations de Liz Reid, vice-présidente de Google chargée de la recherche, assurant que, selon ses tests, « les gens cliquent souvent sur les liens d’AI Overviews et explorent » ou qu’un « site qui y apparaît obtient en réalité plus de trafic ».

Gestion collective

Pour autant, le dirigeant français y voit une opportunité. Google se développe dans la production de contenus, fût-ce à travers de simples résumés automatiques, et va se mettre en quête d’éditeurs ayant la capacité de produire une information fiable et pluraliste. « Les marques de presse gardent une certaine confiance et c’est quelque chose à valoriser », souligne-t-il, en rappelant que si la plateforme dit ne tirer que 3 à 4 % de son volume d’audience des médias, il n’en va pas de même en valeur. Il importe aussi d’assurer la traçabilité des informations fournies, comme l’y incite une charte récente.

Pour les éditeurs, quoi qu’il en soit, difficile de renoncer à ces nouvelles plateformes de synthèse par l’IA. Selon nos informations, l’Alliance a demandé avec le Syndicat des éditeurs de presse magazine l’ouverture de négociations à 25 d’entre elles (Meta, Google, OpenAI…). Depuis le respect de l’opt-out, jusqu’au droit voisin ou celui des bases de données, tous les paramètres seront posés en vue d’une relation contractuelle. « Ce qui est sûr, c’est qu’on va y aller collectivement », dit Pierre Petillault. Pour la rémunération, Pierre Louette, PDG des Echos-Le Parisien demande une « licence légale » comme dans la musique, dans le cadre d’une gestion collective, alors que Le Monde a déjà signé un accord individuel à plusieurs millions d’euros avec OpenAI.