Alors que le rapport de Sébastien Soriano est attendu à la mi-juin, Sandro Martin, directeur général de l’entreprise qui distribue les quotidiens nationaux et des magazines, exprime ses attentes.

Selon un rapport commun des inspections des affaires culturelles et des finances (Igac-IGF), publié en novembre 2023, les ventes au numéro de la PQN, PQR et presse magazine ont respectivement baissé de 86 %, 78 % et 79 % entre 2000 et 2022. Et sur la seule presse quotidienne nationale, la mission projette un recul de 62 % de ces mêmes ventes à l’horizon 2030. D’où la question : l’État doit-il continuer, au nom du pluralisme, de mobiliser 199 millions d’euros d’aides directes à la diffusion et 27 millions d’euros d’aide à la distribution des quotidiens, dont 9 millions sont reversés à France Messagerie ? Ou faut-il aider les journaux à se concentrer sur le digital ?

Le 5 avril, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a commandé une mission à Sébastien Soriano lui demandant de consulter l’ensemble de la filière dans un délai de six à huit semaine afin d’apporter « des réponses pérennes aux objectifs de pluralisme de l’information et de modernisation du secteur ». Alors que ce rapport de l’ancien président de l’Arcep est attendu mi-juin, des recommandations sont attendues pour faire évoluer la loi ou des décrets, ou pour développer des synergies avec la PQR ou MLP.

Pas d'« arrêt du papier ». Sandro Martin, directeur général de France Messagerie, estime qu’il y a d’ores et déjà quelques acquis. D’abord la péréquation voulue par la loi Bichet de 1947 (prélevant 0,8 % du CA en kiosques pour tous les journaux) et la contribution qu’elle assure aux quotidiens, permet au système de fonctionner. Ensuite, « chaque exemplaire vendu demeure rentable avec une marge brute de 55 % à 56 %, plus élevée qu’au Royaume-Uni ou en Allemagne ». Quant au chiffre d’affaires de France Messagerie (95 millions d’euros, -1 %) et son résultat net (5 millions), ils se maintiennent en 2023, même si l’ajustement des tarifs lié à l’inflation et les offres de prestation (étude, transport ad hoc, etc) l’expliquent. Pour lui, « la presse imprimée continue sa décroissance mais n’a pas vocation à disparaître et il est vraisemblable qu’on arrive à des niveaux de baisse plus faible » : -6 % à -8 % depuis le début de l’année contre -8 % à -12 % les années précédentes.

Comme le montre le rapport Igac-IGF, ajoute Sandro Martin, « dans un horizon de dix ans, aucun éditeur n’envisage l’arrêt du papier » tout au moins dans les quotidiens où il représente 60 % du CA. D’ailleurs, Rachida Dati reconnaît elle-même que « la bascule du lectorat vers le numérique demeure très inégalement engagée ». C’est ce point que le directeur général de France Messagerie entend mettre en évidence : loin des bulles de filtre et du piratage par des fausses infos, la filière papier « permet de sécuriser l’information de qualité et de maintenir des acteurs de taille intermédiaire qui n’ont pas les reins assez solides pour investir dans les outils digitaux ». Pour lui, « il n’est pas illégitime de reconnaître la distribution de la presse IPG comme un service d’intérêt général » ou c’est un acteur du pluralisme.

Cela, bien sûr, n’empêche pas d’accélérer la modernisation de la filière industrielle. France Messagerie a déjà signé un partenariat avec Carrefour pour mettre des journaux à disposition dans les City Market ou Contact. Il faut aussi, selon lui, assurer la visibilité du modèle et enrayer la chute des points de vente (19 600) tout en sauvant le groupage des titres distribués.

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