Alors que la radio numérique fête ses 10 ans, les radios indépendantes demandent trois mesures pour assurer son développement et défendre leurs positions publicitaires.
Lancé le 20 juin 2014 à Paris, Marseille et Nice, le DAB+ couvre désormais 62 % de la population hexagonale. Certains l’entendent même à leur insu puisque les autoradios choisissent automatiquement le meilleur signal entre FM et DAB+. Et l’avantage majeur de ce dernier réside dans sa meilleure qualité d’écoute et la continuité de son signal. Alors que le projet de loi sur l’audiovisuel du sénateur Laurent Lafon incluait dans son article 15 des mesures pour soutenir son développement, elles ont disparu de la dernière mouture présentée à l’Assemblée les 23 et 24 mai.
Le Sirti, syndicat qui réunit 170 radios indépendantes, soit près de 8 millions d’auditeurs quotidiens, demande donc au gouvernement l’adoption de trois mesures pour soutenir son développement. D’abord, « on veut verrouiller la présence de récepteurs radio FM/DAB+ dans les voitures. Car si aujourd’hui les constructeurs sont tenus de vendre des voitures neuves incluant le DAB+ quand il y a un poste FM, rien ne les empêche à terme de ne plus mettre d’autoradios », explique Kevin Moignoux, le secrétaire général du Sirti. De même, le syndicat professionnel demande la fin de la commercialisation des postes de radio exclusivement FM utilisés à domicile, comme c’est le cas en Italie. Car si les postes FM sont meilleur marché, ils ne permettent pas le déploiement du numérique et nuisent à sa visibilité. Aujourd’hui, 8,4 millions de postes DAB+ ont été vendus en France. Et sur les 100 000 postes vendus au 1er trimestre 2024, 40 000 sont équipés du DAB+.
Deuxième mesure réclamée, un soutien financier des pouvoirs publics pour la suite du déploiement de cette technologie. Les radios indépendantes, dont les trois quarts sont présentes en DAB+, estiment avoir activement et financièrement soutenu son déploiement depuis dix ans, ce qui a impliqué un double coût de diffusion (FM et DAB+) sans contrepartie. « Un effort particulièrement lourd pour les radios locales ou régionales » assure Christophe Schalk, président du Sirti. Alors que le coût global annuel du DAB + est estimé à 16 millions d’euros pour l’ensemble des radios, le Sirti demande une aide sous la forme d’un crédit d’impôt ou d’aides directes. Poursuivant dans cette voie, le syndicat souhaite aussi la rédaction d’un « rapport sur l’aide à l’équipement et l’accompagnement financier des radios », affirme le président.
Enfin, la troisième mesure concerne la granularité de la diffusion de la radio. Les multiplex locaux du DAB+ proposent des zones moins fines que la FM, ce qui impacte à la fois les contenus éditoriaux locaux et les possibles contenus publicitaires. Ainsi, certaines antennes diffusées en DAB+ à Lyon couvrent un champ qui s’étend jusqu’à Saint-Etienne, empêchant la diffusion de décrochages éditoriaux et publicitaires locaux. Les annonceurs locaux sont donc susceptibles de ne plus pouvoir couvrir leur zone de chalandise via la DAB+. Le Sirti demande par conséquent à l’Arcom de revoir et d’affiner le maillage du DAB+. Autant de chantiers pour faire rayonner ce mode de diffusion qui, après avoir mis si longtemps à être adopté, se déploie largement.