Vincent Montagne, président de Média-Participations, du Syndicat national de l’édition et du Festival du Livre de Paris revient sur les grandes actualités de la semaine.
Le Festival du Livre de Paris, du 12 au 14 avril, dans un marché de l’édition complètement recomposé autour de Vincent Bolloré (Hachette) et de Daniel Kretinski (Editis).
Une vision qui fait bon marché des 720 éditeurs membres du Syndicat national de l’édition [SNE] et qui sont indépendants. Cela fait plusieurs fois qu’Editis change d’actionnaire et même si les changements d’Editis et d’Hachette ne sont pas insignifiants car ces deux groupes rassemblent plusieurs dizaines de maisons d’édition, les évolutions éditoriales seront marginales, eu égard aux parutions de 40 000 nouveautés chaque année.
Le licenciement d’Isabelle Saporta de Fayard sur fond de désaccord sur la nomination de Lise Boëll.
Un épiphénomène parmi beaucoup d’autres, les changements à la tête de maisons emblématiques ont toujours fait couler beaucoup d’encre ! Et dans un métier intimement lié aux personnalités, aussi bien des auteurs que des éditeurs, les mouvements de personnes font partie de la marche ordinaire de nos entreprises.
La reprise annoncée du groupe Altice Media (BFM, RMC) par CMA CGM.
En positif, la reprise d’Altice était probablement nécessaire compte tenu de son endettement et cela est plutôt sécurisant. En négatif, sur les marchés matures que sont les médias en général, on assiste indéniablement à une concentration.
La consultation de la DGMIC [Direction générale des médias et des industries culturelles] sur l’ouverture des secteurs interdits de publicité.
La position des éditeurs est d’empêcher qu’une promotion excessive de tel ou tel livre à la télévision ne nuise à la diversité éditoriale. Le danger est en effet d’altérer le bouche-à-oreille qui façonne le rythme de la réussite d’un livre et permet son appropriation. Néanmoins, des phases tests sont prévues. Elles auront pour objectif d’analyser la réalité actuelle des médias existants dont la diversité s’est largement accrue. On n’est plus au temps où la publicité sur les chaînes hertziennes à des heures de grande écoute, aurait systématiquement fabriqué des best-sellers. Cependant, l’édition reste un métier artisanal avec des marges limitées, probablement peu compatibles avec les tarifs publicitaires de l’audiovisuel. Plus que la publicité, c’est la visibilité du livre et de ses auteurs dans les émissions de télévision qui est cruciale pour notre secteur. La DGMIC doit encourager le service public à mettre en place de nouvelles émissions littéraires pour favoriser le livre et la lecture.
Après Séries Mania, Canneseries et la demande croissante d’adaptations de livres.
L’accélération des adaptations de livres à l’écran est bien réelle. Environ 20 % des films français qui sortent sont adaptés d’un livre, mais si l’on prend ceux qui ont le plus d’entrées, le taux monte à 50 %. S’appuyer sur un livre qui a réussi, dont l’univers et les personnages sont solides est un accélérateur de succès, mais aussi un facilitateur pour la production du film. Même si un film ou une série doit être une œuvre à part entière, la notoriété préexistante d’un livre et de son auteur est un atout certain pour construire un succès audiovisuel. L’écrit reste, de toute façon, en amont de toute création cinématographique ou théâtrale.
Le débat lancé par le ministère de la Culture sur les acteurs de l’édition face à l’utilisation de l’IA.
Depuis sa prise de fonction, la ministre de la Culture s’engage clairement pour le respect du droit d’auteur et nous l’en remercions. L’édition et l’ensemble des industries culturelles se sont fortement mobilisés pour que l’Europe adopte une version de l’IA Act qui oblige les modèles d’IA générative à respecter le droit d’auteur et à ne pas piller les contenus pour s’entraîner. Notre détermination a payé. Saluons le vote du 13 mars au Parlement européen, avec 523 votes pour (46 contre, 49 abstentions). Le SNE continue sa mobilisation en soulignant qu’innovation et respect du droit d’auteur sont loin d’être incompatibles.