Le groupe de luxe est entré en négociations exclusives avec le groupe Lagardère, contrôlé par Vivendi, pour lui céder son emblématique magazine d'actualité people, politique et culturelle.
Le géant français du luxe LVMH, dirigé par le milliardaire Bernard Arnault, est entré en négociations exclusives avec le groupe Lagardère, dans le giron du milliardaire Vincent Bolloré, pour racheter le magazine Paris Match, a annoncé Lagardère mardi. Le groupe de médias, récemment avalé par Vivendi, « a reçu une offre d'achat concernant le titre Paris Match émanant du groupe LVMH » et « son conseil d'administration a décidé d'entamer des discussions exclusives avec ce dernier », explique-t-il dans un communiqué, à l'occasion de ses résultats annuels.
Même si la rumeur d'une revente possible par Bolloré des titres de presse de Lagardère, et en particulier Paris Match, existe depuis l'accord conclu avec Bernard Arnault après son entrée au capital du groupe Lagardère (il en a aujourd'hui 7,7%), en 2020, cette annonce crée la surprise. Et ce, d'autant que le groupe Bolloré avait choisi de vendre Gala (ex-Prisma) au Figaro, en 2023, pour répondre aux injonctions de la commission européenne qui estimait qu'il y avait un risque d'abus de position dominante sur le marché de la presse people en raison de la propriété nouvelle de Paris Match.
Mauvais résultats des médias
Mais les mauvais résultats de la branche médias de Lagardère ont, semble-t-il, convaincu Vincent Bolloré de céder aux sirènes de Bernard Arnault sur Paris Match. Le groupe Lagardère affiche un chiffre d'affaires en baisse de 9,4% dans la presse en raison d'un chute de la diffusion, tant sur les ventes en kiosques que sur les abonnements, et de 8,3% dans la radio en raison d'un recul des audiences « malgré le début du retournement de celles d'Europe 1 », précise le communiqué de résultats du groupe.
En 2023, ces mauvais résultats occasionnent des pertes, comme en témoignent les -26 millions d'euros de résultat opérationnel des « autres activités » du groupe Lagardère, regroupant les médias, qui affichent un chiffre d'affaires en recul de 3,3%, à données comparables, avec 254 millions d'euros, malgré une croissance de 8% de l'entité Lagardère Live Entertainement.
Si les négociations exclusives aboutissent à la vente de Paris Match, comme c'est hautement probable, le magazine rejoindra le groupe Les Echos-Le Parisien (LVMH). Un projet de fusion du Journal du dimanche (groupe Lagardère) avec Le Parisien Dimanche avait d'ailleurs été étudié avant l'acquisition de Lagardère par Bolloré. A noter :les synergies mises en place à Paris Match ont été plus limitées qu'à Europe 1 ou au Journal du Dimanche, même si Laurence Ferrari, présentatrice à Europe 1 comme à CNews, est cheffe du service politique de Match.
Une activité de Lagardère globalement en forte hausse
Les mauvais résultats de la branche média de Lagardère sont d'autant plus notables que le groupe a réalisé en 2023 une hausse de son chiffre d'affaires de 16,6% en franchissant la barre des 8 milliards d'euros de recettes. Le bénéfice du groupe s'établit à 252 millions d'euros, en baisse de 5% par rapport à 2022.
« Nous avons réalisé en 2023 des niveaux de performance jamais atteints depuis quinze ans grâce au talent et à l'engagement des équipes du groupe Lagardère », a indiqué Arnaud Lagardère, PDG du groupe. Des résultats portés par la croissance du trafic aérien et l' « excellente performance » de ses activités de distribution dans les gares et aéroports, magasins « duty free » et boutiques Relay, dont le chiffre d'affaires a enregistré un bond de 27,8%, à plus de 5 milliards d'euros.
Ses activités d'édition (Lagardère Publishing) ont quant à elles connu une croissance plus modérée de 2,2% de leur chiffre d'affaires, « malgré un marché peu porteur » « Ces résultats sont notamment tirés par le succès de best-sellers en France et au Royaume-Uni, dont le dernier album d'Astérix », a commenté Arnaud Lagardère.