En rachetant le groupe indépendant Asacha, fondé par Gaspard de Chavagnac, le groupe Fremantle, propriété du géant allemand des médias RTL Group, accroît ses capacités dans la fiction.
S’il est surtout connu chez nous pour son programme emblématique Scènes de ménages (M6), signé Kabo Family, Asacha Media Group regroupe en France deux autres labels, les productions Mintee et Srab Films, et cinq autres au Royaume-Uni et en Italie. Citons notamment Red Planet Pictures, avec Death in Paradise sur BBC1, Picomedia avec Mare Fuori ou La Storia sur Rai 1 ou encore Stand By Me avec, par exemple, les séries The General’s Men également sur Rai 1.
C’est donc sur un ensemble essentiellement développé dans la fiction que Fremantle (La France a un incroyable talent, L’Amour est dans le pré, Questions pour un champion), propriété de RTL Group, met la main. Le 20 février, un « accord de vente conditionnelle » a été conclu entre Andrea Scrosati, le patron du producteur européen pour l’Europe continental, et Gaspard de Chavagnac, le PDG et cofondateur d’Asacha depuis 2020. Il prévoit un rachat à 100 %, donc non seulement du capital majoritaire du fonds américain Oaktree Capital Management mais aussi des parts minoritaires des fondateurs. Outre Gaspard de Chavagnac, qui est confirmé dans ses fonctions de PDG, il s’agit de Marc-Antoine d’Halluin, qui reste vice-président, et de Marina Williams, qui assurera la direction des contenus au Royaume-Uni.
Soit un groupe indépendant au chiffre d’affaires estimé à 250 millions d’euros, dont la valorisation serait comprise entre 200 et 300 millions d’euros, et qui semble promis à un bel avenir. « Je suis convaincu qu’il y a une forte création de valeur à intégrer Freemantle, souligne Gaspard de Chavagnac. Nous avons connu une croissance très rapide depuis quatre ans mais nous n’avions, par exemple, pas d’outil de distribution. Nous en étions au stade de savoir comment créer ou acquérir une structure de distribution. Fremantle, avec son catalogue important, nous apportera l’organisation et les synergies nécessaires notamment dans la recherche d’IP [propriétés intellectuelles]. Il y a énormément de logique industrielle ».
Asacha réalise 65 % à 70 % de son chiffre d’affaires dans la fiction, 10 % dans le cinéma et le reste dans le documentaire et le flux. « Les grands équilibres vont demeurer », ajoute le patron, qui estime que le géant, présent dans 27 pays, va lui permettre « de développer et d’adapter des formats en fiction ». Si Asacha a réussi à gagner les plateformes, qui totalisent le quart de son activité avec Netflix (Di4ri), Disney+ (Animal Kingdom) ou Prime (Killer Coaster), il se félicite d’un développement qui touche les chaînes traditionnelles comme Canal+ (Cimetière indien) ou France TV (Rivages), à l’heure où, excepté Netflix, les autres plateformes réduisent leurs investissements.
Si Asacha doit désormais agir en coordination, n’ayant « pas vocation à concurrencer Fremantle », notamment dans sa logique d’acquisitions, l’ex-groupe indépendant s’offrira un accès à de nouveaux marchés pour ses comédies courtes et notamment Scènes de Ménages. « Bien », voire « très rentable », Asacha n’a donc pas fini de se déployer. Son actionnaire européen ne posera plus les questions qu’un fonds américain pouvait soulever sur la préservation de l’identité artistique du groupe.