CINÉMA

La soirée des Golden Globes a été marquée par la consécration du film Oppenheimer, grand favori aux côtés de Barbie, et les distinctions notables décernées à la production française d'Anatomie d’une chute.

Les Golden Globes ont été marqués dimanche 7 janvier 2024 par la déflagration Oppenheimer, parti favori avec Barbie, et les honneurs appuyés décernés au film français Anatomie d’une chute, récompensé par deux trophées.

Le biopic de Christopher Nolan sur le père de la bombe atomique a débuté la soirée par un carton plein : meilleur réalisateur, meilleur acteur dans un film dramatique pour Cillian Murphy, qui y incarne Robert Oppenheimer, et meilleur second rôle pour Robert Downey Jr, qui prête ses traits à un politicien, grand rival du scientifique. « Une grande histoire sur le dilemme éthique des armes nucléaires. Est-ce que ça a une chance de marcher ? Non. », a plaisanté M. Downey Jr. « Sauf si Universal mise tout sur Christopher Nolan pour diriger Cillian Murphy. » Parti favori avec huit nominations, le film a aussi raflé le prix de la meilleure bande originale.

Le succès de l’autre favori, Barbie, a été plus mesuré. Le Golden Globe de la meilleure actrice dans une comédie est allé à Emma Stone, pour son rôle de Frankenstein au féminin dans Pauvres Créatures, plutôt qu’à sa star Margot Robbie. La satire féministe de Greta Gerwig, qui voit la poupée peroxydée découvrir la misogynie du monde réel, a logiquement remporté le nouveau Golden Globe du meilleur succès commercial, après avoir dominé le box-office mondial l’an dernier.

« Anatomie » d’une surprise

Mais elle a été devancée pour celui du meilleur scénario par le film français Anatomie d’une chute, qui a doublé la mise en raflant le titre de meilleur film en langue étrangère. De quoi confirmer l’attrait universel de la dernière Palme d’Or cannoise. Émue, sa réalisatrice Justine Triet a raconté sa surprise de voir son long-métrage, qui raconte le procès d’une écrivaine accusée du meurtre de son mari et dissèque la dégringolade de leur couple, tant apprécié.

Pendant l’écriture avec son compagnon Arthur Harari, « nous n’arrêtions pas de nous dire que nous nous amusions beaucoup, mais que personne n’irait voir ce film », a-t-elle expliqué. Selon elle, le long-métrage « traite de la vérité et de l’impossibilité de la cerner. » Ce double succès risque de susciter des regrets en France, car Anatomie d’une chute ne pourra pas prétendre à l’Oscar du meilleur film international. Il a été snobé pour représenter l’Hexagone au profit de la Passion de Dodin Bouffant, une romance historique entre deux gastronomes.

Le battage médiatique autour du phénomène « Barbenheimer », qui a rempli les salles partout dans le monde cet été, tombait à pic pour les Golden Globes, récemment rachetés et réformés par des investisseurs privés. Longtemps considérée comme un tremplin vers les Oscars, l’ex-soirée préférée d’Hollywood, réputée pour son atmosphère décontractée, a été minée par des scandales de corruption et de racisme ces dernières années.

Pour sortir de cette mauvaise passe, l’association de la presse étrangère d’Hollywood (HFPA), qui avait créé ces récompenses et concentrait les accusations de manquements éthiques et d’amateurisme, a été dissoute. La nouvelle organisation a largement diversifié le jury, en invitant des critiques issus du monde entier. Des réformes saluées malicieusement par Robert Downey Jr, encore lui. « Aux journalistes des Golden Globes : merci d’avoir changé les règles de votre jeu, et donc votre nom », a lancé le comédien, récompensé pour son second rôle dans Oppenheimer.

« C’était un peu bizarre d’être attiré par une poupée en plastique »

Le gratin avait répondu présent cette année, loin du boycott de la cérémonie en 2022. Hollywood semble ainsi indiquer qu’il est prêt à passer l’éponge. Outre des poids lourds du cinéma comme Leonardo DiCaprio et Martin Scorsese (Killers of the Flower Moon), la productrice Oprah Winfrey et les stars de la musique Billie Eilish, Dua Lipa et Taylor Swift, également nominées, ont toutes foulé le tapis rouge. L’humoriste Ricky Gervais, qui avait présenté la cérémonie par le passé, manquait toutefois à l’appel pour recevoir son prix du meilleur spectacle de stand-up.

Pour cette cérémonie placée sous le signe du renouveau, l’hôte de la soirée Jo Koy a soigneusement évité les blagues polémiques, en réservant ses traits d’esprit au duo « Barbenheimer ». « Je ne veux pas que vous pensiez que je suis un pervers, mais c’était un peu bizarre d’être attiré par une poupée en plastique », a lancé l’humoriste, avant d’ironiser sur les trois heures d'Oppenheimer, comparables à une série.

« Je l’ai adoré, surtout la première saison », a-t-il plaisanté. Côté télévision, Succession est bien parti pour dominer la soirée, avec déjà des récompenses pour Kieran Culkin (meilleur acteur dans une série dramatique) et Matthew Macfadyen (meilleur second rôle). La comédie The Bear a elle aussi récolté des honneurs pour ses acteurs Jeremy Allen White (meilleur acteur) et Ayo Edebiri (meilleure actrice). La 81e cérémonie des Golden Globes se poursuit, avec d’autres récompenses majeures attendues.

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