Les jeunes médias américains sont en souffrance. En faillite depuis plusieurs mois, Vice Media va encore licencier entre 50 et 100 personnes, tandis que le site d'information féministe Jezebel suspend son activité, ce qui occasionne 23 départs.
Le groupe d'information Vice Media, en faillite depuis mai, va licencier encore des dizaines de personnes, a annoncé un syndicat, et le site féministe Jezebel va de son côté fermer, selon sa direction, nouvelle illustration des difficultés des jeunes médias aux Etats-Unis.
Vice Media, dont le siège est à Brooklyn, l'arrondissement new-yorkais à la mode, va se séparer de plusieurs dizaines de personnes, selon un salarié au fait des décisions de l'entreprise et le syndicat Vice Union, qui a dénoncé sur X (anciennement Twitter) une attitude de la direction qui « ajoute l'insulte à l'injure ».
D'après le journal en ligne spécialisé Deadline, les deux directeurs de Vice, Bruce Dixon et Hozefa Lokhandwala, l'ont annoncé jeudi 9 novembre aux employés. Selon le syndicat, « un grand nombre de personnes ont perdu leur emploi aujourd'hui » et l'annonce a été faite lors d'une « réunion » qui était en fait « diffusée en direct par vidéo sans pouvoir poser des questions ».
Entre 50 à 100 départs sont prévus, selon le salarié interrogé par l'AFP et qui a requis l'anonymat. « Les dirigeants ont à peine reconnu les licenciements massifs », a dénoncé le syndicat et, de fait, aucune communication n'a été faite par la direction.
« Vents économiques contraires »
Vice Media avait annoncé en juin sa reprise par des créanciers pour 350 millions de dollars, un mois après son dépôt de bilan, étape qui devait lui permettre de poursuivre son activité. Mais selon un salarié et Deadline, les reportages de Vice repris sur les chaînes de télé Showtime depuis des années se sont arrêtés, tout comme l'émission phare Vice News Tonight entraînant 100 licenciements au printemps.
Vice Media avait été valorisée en 2017 à 5,7 milliards de dollars. Le groupe représentait alors une nouvelle génération de médias en ligne, avec des couvertures et une approche originales, que des experts imaginaient révolutionner le secteur. Mais la plupart des sites n'ont jamais dégagé les bénéfices escomptés par les investisseurs dans un marché publicitaire difficile.
De son côté, le premier site américain d'information féministe, Jezebel, a ainsi annoncé dans un memorandum consulté par l'AFP la « suspension des opérations » et le « départ de 23 membres de la rédaction ». Invoquant des « vents économiques contraires », le directeur du groupe G/O Media, Jim Spanfeller, a regretté que le modèle et les clients du réseau ne se soient pas « alignés avec ceux de Jezebel ». Jezebel, lancé en 2007, avait gagné sa légitimité grâce à des articles travaillés et bien écrits sur les droits et conditions des femmes.
En avril, BuzzFeed avait lui aussi fermé son site BuzzFeed News avec 180 licenciements.