Le syndicat des acteurs d'Hollywood a annoncé lundi 6 novembre n'être toujours pas satisfait des propositions des studios, qui lui ont transmis un texte présenté comme leur «dernière» offre. La grève paralyse la production de films et séries américains depuis des mois.
« Il y a plusieurs points essentiels sur lesquels nous n'avons toujours pas d'accord, y compris sur l'intelligence artificielle », a fait savoir sur X (anciennement Twitter) le SAG-AFTRA, qui représente 160.000 acteurs, danseurs, cascadeurs et autres professionnels du petit et grand écran. Malgré la fin de la grève des scénaristes en septembre, plusieurs rounds de négociations entre acteurs et studios ont eu lieu, lors desquels le fossé entre les deux parties s'est réduit, sans pour autant parvenir à un compromis. Samedi 4 novembre, les studios ont annoncé transmettre leur « dernière, meilleure et ultime » offre au syndicat. Autrement dit, le patronat assurait se refuser à toute concession supplémentaire.
Cette proposition prévoit une prime de rediffusion largement revue à la hausse pour les acteurs jouant dans séries ou films qui font un carton sur les plateformes de streaming, ainsi qu'une forte augmentation des salaires minimums et des garde-fous pour encadrer l'usage de l'intelligence artificielle, selon le magazine spécialisé Variety. Mais le jargon juridique autour de la question de l'IA est particulièrement scruté par le syndicat, qui nourrit visiblement encore des divergences avec le patronat. Les acteurs, entrés en grève mi-juillet, craignent que les studios n'utilisent cette technologie pour cloner leur voix et leur image, afin de les réutiliser à perpétuité sans compensation ni consentement.
« Eaux troubles »
Le SAG-AFTRA s'est dit « déterminé à obtenir le bon accord et à mettre fin à la grève de manière responsable. » « Nous vous tiendrons informés au fur et à mesure des développements », a ajouté le syndicat. «Nous sommes à la table des négociations et nous travaillons très dur pour y parvenir », a déclaré à l'AFP le patron de Netflix Ted Sarandos, en assurant qu'un accord semblait « très proche ». « Mais vous savez, il s'agit d'accords compliqués et nous naviguons en eaux troubles », a-t-il ajouté.
La pression à Hollywood pour trouver une issue à ce mouvement social s'est accentuée ces dernières semaines, car la grève coûte des milliards de dollars au secteur et à l'économie californienne. Les acteurs sans tournage ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts, et les studios accusent des trous béants dans leurs calendriers de sortie pour l'année prochaine et au-delà. Ces dernières semaines, les PDG de Disney, Netflix, Warner Bros et Universal se sont directement impliqués dans les pourparlers pour sortir de l'impasse.
Après le report de productions majeures, comme le second volet de la saga «Dune» ou la série «Stranger Things», les studios souhaitent reprendre le travail au plus vite. « Notre objectif est de remettre les gens au travail. C'est un fardeau énorme pour tout le monde dans cette ville », a poursuivi Ted Sarandos. « Nous essayons vraiment de faire avancer les choses. » Hollywood n'avait plus connu une grève simultanée des scénaristes et des acteurs depuis 1960.