L'École Supérieure de Journalisme de Lille et le Bondy Blog se sont unis pour créer une préparation spécifique aux concours, afin de permettre à des étudiants défavorisés d'accéder à des études de journalisme. À terme, il s’agit de renforcer la diversité au sein de la profession
Avec un taux de réussite entre 60 et 85% et des partenaires tel que France Télévision ou M6, la prépa « Égalité des chances » montre toute sa pertinence depuis sa création il y a quinze ans. L'École Supérieure de Journalisme de Lille (ESJ) et le Bondy Blog, le média bien connu qui donne la parole aux quartiers populaires, l’ont montée ensemble pour faciliter les conditions d’accès aux concours d’écoles de journalisme.
«Il faut comprendre toute cette machine des concours, face à laquelle des étudiants sont souvent démunis, explique Rachel Bertout, la coordinatrice de cette prépa au sein de l’ESJ. Par exemple, certains n’ont pas accès à des stages en journalisme, par manque de contacts le plus souvent.» Le programme s’adresse aux étudiants boursiers, inscrits au minimum en troisième année de licence. L'admission est basée sur la motivation, le potentiel et la passion pour le journalisme, plutôt que sur les ressources pratiques acquises par le candidat au cours de son parcours scolaire.
«Je n’ai jamais vu ça pendant mes cinq années d’études supérieures»
«Certains souhaitent passer par des écoles mais un frein financier et culturel les en empêche. Il faut faire changer les choses structurellement», complète la directrice du Bondy Blog, Sarah Ichou, qui s’est lancé ce défi. Elle entreprend ce qui est pour elle une continuité de l’AJAR (Association des journalistes antiracistes et racisé·e·s) ou d’autres préparations comme « La Chance ». La préparation dure une année entière.
Oscar, 20 ans et en troisième année de licence information et communication à Angers, vient de l’intégrer. En parallèle de ces études, il empile les jobs étudiants : serveur, caissier mais aussi correspondant pour la presse locale. «Ce qui me plait le plus dans ce programme, c’est qu’on est tous prêts à aider, confie-t-il. On partage les cours et on s’éclaire à chaque incompréhension.» Un esprit d’équipe auquel fait écho Léa, élève de cette promo en parallèle d’un Master 2 en Sciences Politiques à Rennes : «Je n’ai jamais vu ça pendant mes cinq années d’études supérieures.»
Le manque de modèles issus de milieux similaires est un autre défi. C’est ainsi qu'« Égalité des chances » a mis en place un dispositif d’accompagnement par un parrain ou une marraine. Ces professionnels aguerris offrent un mentorat précieux, partageant leur expertise, leur expérience et leurs contacts. Ce sont souvent des anciens participants à la préparation tel Madjid Khiat, parrain de la 15ᵉ promotion et journaliste à France Info : «Pour moi, c’est un honneur et un plaisir. Ces élèves représentent le futur, comme je l’ai été à leur âge. Je fais tout ce que je peux pour eux, ils peuvent m’appeler quand ils veulent pour des conseils ou simplement pour discuter. C’est important.»
Les étudiants sont unanimes quant à l’impact du programme. « On veut faire plus et plus longtemps, dit Rachel Bertout. Comme d’allonger le dispositif pour accompagner nos étudiants même après la préparation. »