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Défricheurs de nouveaux sujets, de nouveaux formats, pour tous les âges: les podcasts dits natifs sont écoutés par toujours davantage de Français mais ces programmes audio numériques sont à la croisée des chemins, à la recherche de financements et de reconnaissance. « Je pense toujours que, dans trois mois, je vais m'arrêter », lâche Mathieu Genelle, à l'origine du podcast pour enfants très suivi « Les P'tites Histoires », qui peine à boucler son budget. Au Paris Podcast Festival, dont la 6e édition se tient jusqu'à samedi soir à la Gaîté Lyrique, auteurs, producteurs et diffuseurs échangent sur ce média en quête d'un « nouveau paradigme ».

Quelque 20 millions de Français écoutent chaque mois des podcasts, soit 2,4 millions de plus qu'il y a un an, selon Médiamétrie. Leur part progresse peu à peu dans le volume d'écoute audio quotidien: 7%, contre 6% l'an dernier - la radio en direct se taillant la part du lion. Les podcasts de radio en rattrapage (replay) sont encore majoritaires, mais les podcasts natifs, spécialement conçus pour le web, s'installent: quatre ont dépassé en septembre le million de téléchargements. Au premier rang du classement ACPM, « Transfert », proposé gratuitement par Slate.fr depuis 2016, donne la parole à des anonymes aux histoires extraordinaires. Il va bientôt atteindre les 300 épisodes.

L'auditeur, chaque semaine, de ces podcasts natifs se connecte via son smartphone sur des plateformes comme Youtube et Spotify, et a 36 ans en moyenne, selon le baromètre Havas Paris-CSA Research. L'audience des plus de 50 ans progresse toutefois. La moitié des podcasts écoutés durent plus de 15 minutes et leurs adeptes estiment volontiers que ce média « offre des moments de douceur » et « permet la déconnexion », à contre-courant des réseaux sociaux et de la télévision. « La démocratisation du podcast continue », se félicite Emmanuel Dupouy, directeur de la stratégie digitale de NRJ Group, qui relève que « le plus dur est de le découvrir ». De fait, ceux qui ne se branchent pas ne savent pas ce qu'est un podcast (26%) ou ignorent comment faire (8%).

Il reste donc du terrain à conquérir mais l'urgence du moment est financière, alors que les auditeurs se sont accoutumés à la gratuité des podcasts. Or, avec l'inflation, les investissements se sont contractés cette année et publicité comme sponsoring d'entreprises sont moins aisés. Le secteur « traverse un moment d'interrogation sur son devenir », explique le président du Paris Podcast festival, Thibaut de Saint Maurice.

« Sans aide à la création, notre travail ne pourra pas se pérenniser », ont plaidé les acteurs indépendants du podcast dans une tribune cette semaine sur telerama.fr. Ils réclament « un mécanisme d'aide à la production sur le même modèle (que celui) existant dans tous les secteurs culturels en France » - une aide aux auteurs existe déjà, de 500.000 euros pour cette année. Créé en 2022 par le ministère de la Culture et l'Arcom, régulateur des médias, un Observatoire des podcasts est en train de faire un état des lieux avant d'éventuelles décisions. « Cet univers est multiforme et complexe, avec des acteurs de toutes tailles, et il se consolide. Le marché avance vite mais n'a pas encore trouvé sa vitesse de croisière », analyse Hervé Godechot, membre de l'Arcom qui copilote l'Observatoire.

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