Meta a commencé le 1er août à bloquer l'accès des Canadiens aux contenus médiatiques sur Facebook et Instagram en réponse à une nouvelle loi obligeant les géants du numérique à payer les éditeurs.
Meta riposte. Devant la nouvelle loi canadienne obligeant les GAFAM à payer les éditeurs, le réseau social de Mark Zuckerberg se rebiffe. Meta a commencer à bloquer les contenus médiatiques sur ses canaux. Les liens et le contenu affichés par les médias canadiens mais aussi étrangers « ne seront plus visibles par la population au Canada », a indiqué Meta, soulignant que la mesure doit être mise en oeuvre complètement dans les « prochaines semaines ».
Sur les réseaux sociaux, plusieurs Canadiens ont partagé mardi 1er août des captures d'écran montrant des comptes de médias inaccessibles. Un contenu partagé par Radio-Canada sur l'une de ses pages Facebook a été bloqué quelques minutes après sa publication, a indiqué le diffuseur public.
Adoptée en juin, la loi C-18 sur l'information en ligne s'inspire d'une mesure similaire introduite en Australie en 2021 et vise à soutenir un secteur canadien des médias en difficulté.Elle oblige les géants du numérique à conclure des accords commerciaux équitables avec les médias locaux pour le contenu diffusé sur leurs plateformes, sous peine de devoir recourir à un arbitrage contraignant. Selon un rapport parlementaire publié en octobre 2022, la législation pourrait permettre aux journaux canadiens de recevoir environ 330 millions de dollars canadiens (226 millions d'euros) par an.
Décision «irresponsable»
La maison mère de Facebook et Instagram soutient de son côté que la loi « s'appuie sur l'idée erronée que Meta bénéficie de façon inéquitable du contenu d'actualité partagé sur ses plateformes, alors que c'est tout le contraire ». Selon ce géant américain, les médias se servent volontairement de Facebook et Instagram pour « accroître leur lectorat et augmenter leurs bénéfices », sachant que « ce n'est pas l'actualité qui pousse les personnes à utiliser nos plateformes ».
La nouvelle ministre du Patrimoine, Pascale St-Onge, a qualifié cette décision d'« irresponsable », notant que 80% de tous les revenus publicitaires en ligne au Canada vont à Meta et à Google. « Une presse libre et indépendante est fondamentale pour notre démocratie », a ajouté la ministre, soulignant que d'autres pays envisagent d'imposer des lois similaires pour « pour relever les mêmes défis ».
De son côté, Google prévoit d'adopter une mesure similaire lorsque la loi « prendra effet », soit d'ici quelques mois, au moment où plusieurs pays observent attentivement le bras de fer entre Ottawa et les géants de la Silicon Valley.