En menaçant de couper les réseaux sociaux en cas d'émeutes, Emmanuel Macron occupe surtout le terrain... de la communication.
Après les émeutes, Emmanuel Macron n’a pas fait que du Jupiter. En menaçant de couper les réseaux sociaux « quand les choses s’emballent » – même s’il s’agit de « simples fonctionnalités de géolocalisation » comme l’a précisé Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, il montre qu’il peut emprunter sa conception verticale du pouvoir à des régimes autoritaires. Car où coupe-t-on l’accès à internet ou aux réseaux sociaux en cas de révolte si ce n’est en Iran, en Turquie ou en Russie ? À chaque fois qu’un pays procède à un tel tour de vis pour faire taire ses oppositions, Reporters sans frontières en déduit que la liberté d’expression y est menacée.
Certes, on peut trouver comme Élisabeth Borne que les réseaux sociaux « facilitent parfois l’organisation des violences et ont souvent une responsabilité dans la désinhibition des jeunes ». Mais peut-on croire sérieusement que la suspension ou la limitation des interconnexions limiteraient les dommages en cas de mort d’un mineur tué par la police ?
Pour ce qui est des appels à la violence réalisés par des vidéos de jeunes se filmant eux-mêmes, les plateformes se doivent déjà de les retirer à la demande de l’État – cela a été le cas pour des milliers de contenus. Et le DSA, applicable le 25 août, renforcera leurs obligations de modération. De fait, la déclaration présidentielle faite devant 200 maires de France est surtout vouée à produire du discours. En réaction.