La déconnexion vue par

Le directeur de Fip revient sur les grandes actualités de la semaine.

Les festivals d’été, expériences immersives de l’instant présent.

Les festivals et les spectacles vivants du théâtre, en passant par la poésie ou le cinéma, nous connectent à un moyen d’expression plus direct et sans interface. Ils nous permettent de nous évader et de communier ensemble autour d’un projet. Après l’épisode du covid, on a vu à quel point couper les liens entre l’artiste et le public et plus largement les liens sociaux, est nuisible à notre bien-être. Le moment le plus émouvant pour l’artiste est de présenter son œuvre à un public qui partage des émotions en groupe avec lui. Les festivals sont une belle respiration loin des plateformes qui, malgré une promesse inverse, nous enferment dans des algorithmes y compris en fonction de nos likes sur les réseaux sociaux.

La musique, hymne à la déconnexion.

Dans notre monde anxiogène, qui nous sollicite via des notifications, des algorithmes et des informations que nous n’avons même pas recherchées, la musique adoucit, apaise et embarque dans un monde plus spirituel. Les études montrent qu’elle est vertueuse pour la santé mentale et d’autant plus dans nos existences hyperconnectées. Elle est une respiration.

La SVOD et le binge-watching des séries en vacances.

À mes yeux, c’est de l’ultra-connexion. À titre personnel, je lutte pour regarder le moins de séries possibles, même si certaines sont fantastiques. Elles nous prennent tellement de temps. Et au lieu d’être consommée dans un lieu de sociabilité, c’est-à-dire au cinéma ou dans son canapé en famille, elles se regardent au cœur de notre intimité, dans notre lit le plus souvent. À ce titre, elles ne sont pas conseillées aux couples à moins de les regarder ensemble. Je préfère cultiver le long format et les salles de cinéma qui embrassent une œuvre unique. De la même manière, sur Fip, nous défendons, dans notre sélection d’une dizaine d’œuvres, un artiste et pas juste un single.

Le lien aux smartphones.

Dire qu’ils font partie de nos vies est un euphémisme tant notre lien à eux relève de l’addiction. Et pourtant, difficile de les diaboliser car nous choisissons de charger des applications, d’installer nos messageries professionnelles ou de donner nos numéros de portables à nos interlocuteurs professionnels, voire de mêler des moments personnels à nos comptes Facebook ou Instagram. Nous créons notre propre dépendance. À l’instar du « dry january » [mois de janvier sans alcool], nous pourrions nous imposer des déconnexions de nos smartphones. Juste pour mesurer notre état de dépendance ou de liberté. Et observer ce que cela nous fait… de vivre sans. De réapprendre à respirer sans hypersollicitation de pushs, loin de l’instantanéité constante. Pour développer une capacité de recul. Cela peut sembler new age comme démarche mais chaque été, j’essaie de m’y astreindre pour réapprendre à m’ennuyer. Je le répète souvent à mon fils, de l’ennui naît la créativité.

La PQR, l’autre respiration de l’été.

Je suis heureux que les ventes des journaux progressent durant l’été. D’ailleurs, je dévalise toujours les marchands de journaux avant de prendre le train. J’y achète des magazines sur l’architecture, le voyage, l’actu, pour les enfants. Et sur place, la PQR. Elle joue un rôle essentiel pour l’actualité culturelle et artistique et l’information locale évidemment. Je suis un grand nostalgique des petites annonces, d’ailleurs, qui y ont disparu. Il y a une grande différence entre lire un article sur son téléphone tellement partagé qu’on n’en connaît plus la source et avoir entre ses mains un journal, le feuilleter, le poser, le reprendre, le voir passer de mains en mains. Il y a un enjeu à continuer à lire la presse et à avoir du papier dans les mains. L’objet est important, le CD, le vinyle, le magazine, le livre.

Les livres, vecteurs d’évasion.

On devrait pouvoir offrir à chaque salarié sur sa semaine de travail deux ou trois heures pour lire. Sans que cela soit obligatoire, car ce n’est pas dans mon caractère d’être autoritaire. Mais nos vies en seraient changées. Sur ma table de nuit, j’ai une pile de livres que j’ai achetés cette année et qui m’attendent pour l’été. Je n’ai pas réussi à les lire pendant l’année. Il y a notamment Les Éclats de Bret Easton Ellis, un auteur que j’adore, Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon, et Le Chewing-gum de Nina Simone écrit par Warren Ellis, le violoniste de Nick Cave à l’époque des Bad Seeds.

L’émergence des désinfluenceurs.

Mais les désinfluenceurs sont de nouveaux influenceurs. Si l’on pouvait trouver un moment dans l’année où l’on puisse penser et agir seul, sans qu’on nous dise ce qu’il faut faire, je l’apprécierais. J’aimerais pouvoir acheter et cuisiner mon poulet du dimanche sans trouver aussitôt sur mon fil Instagram la recette suggérée sans que je l’aie demandée. Je voudrais garder un peu d’espace de liberté pour décider seul.

Fip, la radio de la déconnexion.

Fip est totalement en phase avec la déconnexion car notre antenne est dédiée à 99 % à la musique. Qu’il s’agisse des services partenariat, animation, communication, tout le monde est dévoué à la musique et à la culture chez nous. Notre format est à la fois atypique, unique au monde et totalement moderne car il se propose de raconter tous les jours une nouvelle histoire de la musique qui inspire tout le monde, de 7 à 99 ans. Nous sommes comme des artisans d’un atelier de tissage de haute couture. Nous concevons chaque jour sur mesure avec nos équipes de programmation et d’animation une proposition qui mêle musique d’hier et d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs en soignant chaque enchaînement.

La puissance du silence.

Aussi paradoxal que cela soit pour un directeur de radio, pouvoir cultiver le silence, me reconnecter aux bruits de la mer, des arbres et des animaux, cultiver ma spiritualité mentale me permet d’être un peu plus costaud dans notre monde hyperconnecté le reste de l’année.

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