Pour larguer les amarres, rien de mieux qu'un bon livre. Mais les plus récalcitrants peuvent aussi regarder un film en famille. Derrière, il y a souvent une œuvre littéraire qu'ils pourraient avoir envie de parcourir.
Dumas, Balzac, Simenon ou Lemaitre ne sont pas seulement des écrivains : ce sont aussi les scénaristes de films à plusieurs millions d’entrées. En 2023, les deux blockbusters français Astérix et Obélix (4,5 millions d’entrées) ou Les Trois Mousquetaires (3,3 millions) sont d’abord et avant tout des adaptations de livres à succès. Auparavant, Illusions perdues de Xavier Giannoli d’après Balzac, sorti en 2021, flirtait avec le million d’entrées quand Au revoir là-haut d’Albert Dupontel, dont Pierre Lemaitre est coscénariste, totalisait 2 millions d’entrées après sa sortie en salles en 2017. Quant à Lupin, le héros de Maurice Leblanc, c’est une des séries les plus visionnées dans le monde sur Netflix.
Les effets sont doublement vertueux. L’œuvre littéraire nourrit les films de leurs intrigues et de leurs univers et l’édition comme la librairie profitent d’une exposition inespérée aussi bien sur les écrans que sur les affiches ou les bandes-annonces. Le Livre de Poche, par exemple, a multiplié par 25 les ventes de son classique Illusions perdues après la sortie du film. Et quinze jours après la sortie de la série Lupin, il s’est vendu autant de livres relatant les aventures du « gentleman cambrioleur » qu’en une année entière. Quant au livre Au revoir là-haut, publié en 2013, il enregistre un rebond de 186% de ses ventes douze mois après la sortie du film en salles.
Adaptations en série
Le phénomène n'a rien d'anodin. D’après une étude de Bearing Point pour le Centre national du livre, près d'un film sur cinq (18%) est tiré d'une œuvre littéraire. Entre 2015 et 2021, l'étude recense 1411 adaptations de livres en films, téléfilms ou séries, essentiellement des romans contemporains ou policiers, des récits jeunesse ou des essais et enquêtes. Un effet de relance des ventes de livres a été observé pour les deux tiers des adaptations.
Le cinéma n'est toutefois plus l'élément moteur. Alors qu'il représentait 54% des livres adaptés en 2015, il est passé à 26% en 2021 alors que, dans le même temps, les téléfilms sont montés de 27% à 42% et les séries de 20% à 32%. On compte 162 adaptations de livres dans l'audiovisuel en 2021 contre 75 sept ans plus tôt. 22% des séries diffusées en France sont ainsi tirées d'œuvres litteraires. Les plateformes Netflix et consorts, gourmandes en scénarios, ont créé un appel d'air : leurs séries sont dans un tiers des cas des adaptations de livres.
Les œuvres littéraires sont de plus en plus souvent des romans cotemporains (36%), ce qui montre que le fait d'être sous droits n'est pas un élément bloquant. Les deux tiers sont des livres publiés après 2000, sans doute par souci d'être plus en prise avec l'actualité et peut-être aussi du fait du coût des films d'époque. 65% des adaptations sorties en France sont issues de livres en anglais, contre 19% d'un livre en français. Mais les productions ou coproductions françaises s'appuient à 61% sur un livre francophone.
Avec des droits de plus en plus variés – incluant cinéma et audiovisuel par exemple –, les éditeurs se sont structurés pour répondre à la demande, comme avec Shoot the book! au festival de Cannes. Une base littéraire permet de gagner du temps dans l'écriture du scénario et de s'appuyer sur une notoriété même s'il manque encore des traductions de titres originaux et que le ROI est toujours incertain.
Chiffre clé
22% Part des séries diffusées en France tirées d'œuvres littéraires.