La grève au JDD entre dans sa deuxième semaine: la rédaction a voté vendredi la poursuite du mouvement pour contester la nomination à sa tête du journaliste d'extrême droite Geoffroy Lejeune.
La rédaction du JDD a voté à la quasi-unanimité la poursuite du mouvement de grève entamé le 22 juin pour dénoncer la nomination à sa tête du journaliste d'extrême droite Geoffroy Lejeune, a annoncé vendredi sa Société des journalistes (SDJ). Au total, 96% des votants se sont exprimés pour la poursuite du mouvement (89 pour, quatre contre, trois qui ne se prononcent pas).
La veille, jeudi 29 juin, 97% des votants avaient approuvé la poursuite de la grève (91 pour, 3 contre, 7 qui ne se prononcent pas), toujours selon la Société des journalistes (SDJ).
La grève, qui a démarré le 22 juin, a été reconduite pour 24 heures et un nouveau vote aura lieu vendredi matin. Une nouvelle reconduction pourrait compromettre la sortie dimanche du JDD, comme cela avait été le cas la semaine passée.
« La rédaction maintient ses deux revendications: la direction doit renoncer à la nomination de Geoffroy Lejeune et offrir à la rédaction des garanties d'indépendance juridique et éditoriale », a souligné la SDJ.
En parallèle à ce mouvement, la direction de Lagardère News poursuit le remaniement du JDD et de Paris Match.
Stéphane Albouy, actuel directeur de la rédaction du JDD, rejoindra Paris Match le 1er août en tant que directeur délégué de la rédaction, tandis que son directeur général, Patrick Mahé, « quittera l'entreprise dans les prochains mois », a annoncé le groupe jeudi.
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La nomination de Geoffroy Lejeune, journaliste marqué à l'extrême droite, ancien directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles, suscite beaucoup d'émoi dans le milieu médiatique et à gauche depuis la semaine dernière.
Dernier soutien en date, celui d'une centaine d'anciens du journal, dans une tribune publiée jeudi par le quotidien Libération. Parmi eux, les journalistes Claude Askolovitch, Bruno Jeudy et Bernard Pivot, et l'humoriste Anne Roumanoff.
« C'est la deuxième grève entraînant la non-parution du journal (après 2016, NLDR). Et désormais la plus longue de son histoire », ont noté les signataires, selon qui « l'indépendance du JDD est en danger, et avec elle un pan entier de notre démocratie ».
Cagnotte et pétition
Nombre d'observateurs voient dans l'arrivée de M. Lejeune à la tête du journal la main du milliardaire Vincent Bolloré, aux opinions réputées ultra-conservatrices.
Elle intervient en effet juste après le feu vert donné sous conditions par la Commission européenne à Vivendi, le groupe de M. Bolloré, pour avaler Lagardère, groupe auquel appartient le JDD.
« J'ai pris cette décision seul. Ni Vincent Bolloré, ni quiconque de Vivendi, n'a été impliqué », a nié Arnaud Lagardère, dirigeant du groupe du même nom, mardi dans Le Figaro.
Pour que la prise de contrôle de Lagardère par Vivendi soit effective, ce dernier doit encore vendre le groupe d'édition Editis et le magazine Gala, selon les conditions fixées par Bruxelles.
Mobilisation politique à gauche
M. Lagardère est venu défendre le choix de nommer Geoffroy Lejeune mardi devant la rédaction, mais n'a « pas rassuré » cette dernière, avait indiqué la SDJ du JDD après ce rendez-vous.
Par ailleurs, la député LFI Clémentine Autain a assuré mercredi que les députés de la Nupes préparaient une proposition de loi pour donner du pouvoir aux journalistes dans les nominations de leur direction. Le but est, selon elle, d'« empêcher des situations comme celle du Journal du dimanche ».
Mardi soir, près d'un millier de personnes se sont rassemblées à l'appel de Reporters sans frontières (RSF) au Théâtre Libre à Paris pour défendre les grévistes et, plus largement, la liberté de la presse.
Une caisse de grève a été ouverte pour soutenir financièrement le mouvement et une pétition a été lancée sur le site change.org. Jeudi en fin d'après-midi, elle se prévalait de quelque 30.000 signatures.