Les médias s’efforcent de faire face au dérèglement climatique avec des calculettes carbone pour leurs régies et des récits confrontant le monde à l’urgence de sa transition.
Après les afficheurs et des régies de presse ou d’audiovisuel (Le Monde, Le Figaro, Les Echos-Le Parisien, Prisma Media, TF1 Pub, M6 Publicité, Canal + Brand Solutions…), les régies radios ont présenté le 11 avril leur calculette d’empreinte carbone, via le Bureau de la radio, conformément à leurs contrats climat, signés en juin 2022. Le but est de convenir d’une méthodologie commune de calcul et, avec l’appui de la société DK, d’intégrer ce référentiel dans un outil qui calcule l’impact des campagnes publicitaires. Lancée il y a plus d’un an, la calculette carbone de l’Union de la publicité extérieure compte déjà plus de 700 utilisateurs pour 4 600 campagnes.
En atteste une étude CSA pour l’ACPM, présentée le 5 avril à Havas, les Français sont de plus en plus demandeurs de signes tangibles d’implication des médias dans la transition écologique. Selon ce sondage, mené en janvier auprès de 1 004 Français, 93 % sont d’accord avec l’idée qu’il est « urgent d’agir » et neuf sur dix disent avoir déjà des pratiques adaptées ou sont prêts à des sacrifices. Si l’urgence climatique n’arrive qu’en troisième position des préoccupations (41 %) après le pouvoir d’achat (59 %) et la santé (49 %), l’étude confirme, comme dit Stéphane Bodier, directeur général de l’ACPM, « la vraie responsabilité des médias dans l’éveil des consciences et l’apport de conseils et de solutions concrètes ». La presse, avec 5000 articles par mois consacrés à la transition écologique, est d’ailleurs le seul support qui en parle assez pour une majorité de Français. Elle obtient les meilleurs scores pour sa capacité à bien informer sur ce sujet (74 %), à susciter la confiance (76 %) ou à être une source crédible auprès de son entourage (45 %).
Encore faut-il renouveler les angles. Les moins de 35 ans, qui s’informent sur les réseaux sociaux, comptent le plus d’éco-anxieux (56 %). Yves del Frate, CEO de CSA (Havas), incite les médias à se mettre en « mode action » et à « éditorialiser le climat ». Selon lui, « on peut faire des acteurs de l’écologie des stars et il faut des enquêtes ou des documentaires plus fun », loin de tout catastrophisme.
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France Télévisions a lancé en mars « son journal de la météo et du climat ». Avec Cyril Dion, coréalisateur de Demain, le groupe va lancer une série, We Could Be Heroes (6 x 52 mn), qui imagine un crédit écologique octroyant ou retirant des points à la population en fonction de son comportement. Il coproduit avec ZDF et la Rai le thriller Abysses, de Frank Doelger, avec Cécile de France, qui raconte la révolte de l’océan contre une humanité monstrueuse. Son directeur des programmes, Stéphane Sitbon-Gomez rêve aussi de créer une téléréalité incitant à des gestes vertueux.
Apple TV + présente de son côté la série Extrapolations qui imagine les effets terribles du changement climatique dans un futur proche, avec Meryl Streep, Tahar Rahim ou Sienna Miller. Mais comme l’a montré le 21 septembre une conférence d’Imagine 2050, le dérèglement climatique peut aussi inspirer les scénaristes pour « rendre la sobriété désirable », à l’exemple de Borgen qui montre une première ministre à vélo, ou de James Bond, dans Skyfall, avec sa course-poursuite dans un train.