[Edito] Avez-vous entendu parler des « nouveaux imaginaires » ? Visiblement, il s’agit de les actionner sur tous les sujets « anxiogènes » : la transition numérique, les retraites, les enjeux de développement durable…
Ciao, la « bienveillance » ! Bye bye, l’« agilité » ! Moisie, la « résilience » ! Tapé, le « réenchantement du réel » ! C’est la dure loi des éléments de langage : un « buzzword » chasse l’autre, et menace ses devanciers de rejoindre au cimetière des expressions creuses le cringe-issime « consom’acteur ». Au bullshitomètre, une nouvelle arrivée semble porteuse de toutes les promesses : la notion d’« imaginaire » - au singulier mais surtout au pluriel. De la même manière qu’une vieille dame est souvent « pétulante », une servante « accorte » et des fourches « caudines », les « imaginaires » sont le plus souvent accompagnés de l’adjectif « nouveaux ». Ces « nouveaux imaginaires », il s’agit visiblement de les actionner sur tous les sujets « anxiogènes », comme on dit : en vrac, la transition numérique, les retraites, les enjeux de développement durable… Fort bien. Mais l’autrice de ce texte vous en fiche son billet : dans les mois qui viennent, on va en bouffer, des « nouveaux imaginaires », sur tout et sur rien - et surtout sur rien. Si l’on ne veut pas sombrer dans l’imagênance, avant de céder à cette furie langagière naissante, on sera bien inspiré de relire la définition de l’imaginaire selon Le Robert : « Qui n’existe que dans l’imagination, qui est sans réalité », ou, sans doute pire encore, « Qui n’est tel que dans sa propre imagination »…